Le peuple égaré par ses "intellectuels" et ses "faiseurs d'opinion"
La civilisation européenne a bouleversé l’ordre du monde … le progrès de l’homme doit être repensé dans un espace désormais clos qui cherche un nouvel équilibre
L’Europe est née en Méditerranée il y a trois mille ans. Elle s’est tissée de flux et de reflux séculaires mêlant intimement les civilisations des deux rives de la Méditerranée jusqu’à la chute de l’Empire romain. Les conquêtes arabes et l’islamisation des territoires conquis ont brusquement fermé l’espace sud-méditerranéen à partir du septième siècle forçant l’Europe à se replier entre Méditerranée et Mer du Nord et la conduisant du même coup, à consolider son nouvel être issu du mélange des anciennes populations celtes de culture gréco-romaine et des peuplades franques ou saxonnes plus récemment installées.
De Clovis à la Renaissance, dix siècles ont vu naître l’Europe moderne, lente maturation faite de conflits internes nés du partage de l’Empire de Charlemagne, de querelles de suzeraineté et de guerres extérieures (les Croisades et la Reconquista) mais aussi d’échanges culturels et commerciaux maintenus avec l’orient méditerranéen (Charlemagne et Haroun el Rachid, François Ier et Soleiman, Venise, Amalfi, Gênes, Cordoue, … et la voie byzantine). Elle a progressivement affirmé sa volonté de puissance et son esprit de progrès en mettant au point les instruments de sa domination intellectuelle, scientifique, technique, économique et militaire sur le reste du monde.
Une phase s’achève maintenant après cinq siècles d’une domination sans partage qui s’est progressivement estompée au cours du siècle passé. Le reste du monde en commençant par les Etats-Unis, a en effet accaparé puis développé à son propre compte, les avancées scientifiques, techniques et socio-politiques européennes, grâce auxquelles il est devenu capable de faire face au défi de sa croissance démographique. On assiste à un nouveau bouleversement séculaire des rapports de force qui voit naître ou renaître d’autres grands pôles mondiaux de développement. L’Europe du XXIè siècle doit donc s’organiser pour y faire face. Les pays européens en effet, la France, l’Angleterre ou l’Allemagne au premier rang, ne pourront plus se permettre d’agir seuls et chacun pour son compte mais devront s’ils veulent continuer de peser sur les affaires du monde, agir en tant qu’Europe constituée en puissance …. Et cela change tout dans le rapport des forces à venir ! Les anciennes puissances européennes auront individuellement perdu de leur influence relative mais l’Europe nouvelle en tant qu’Europe-puissance, restera incontournable dans le monde de demain … si tant est qu’on ait la volonté de la faire !
En réalité, le monde est d’une certaine manière, en train de revenir à l’équilibre antérieur à la Renaissance où les empires chinois, indiens, européens, proche-orientaux ou pré-colombiens naissaient, croissaient et mouraient en n’ayant pas ou très peu de contacts extérieurs (seules les civilisations du pourtour méditerranéen ont eu des rapports culturels, commerciaux … et conflictuels assez continus). Aucun ne dominait vraiment et le niveau culturel et technique était pratiquement le même partout. Le monde multipolaire qui se dessine sera au contraire extraordinairement ouvert et interdépendant mais à l’instar de l’ancien, le nouvel équilibre ne devrait pas a priori consacrer de domination d’un pôle sur l’autre car les niveaux respectifs de connaissance scientifique et technique, et les niveaux de puissance qui en découlent, seront redevenus semblables bien qu’à une toute autre échelle après l’essaimage européen des derniers siècles. Le niveau de culture et d’humanisme sera quant à lui, ce que l’humain « mondialisé » ou « interculturisé » en fera !
Sur la nature de ce processus de « progrès » continu que l’Europe a enclenché, Karl Marx et Adam Smith se sont trompés l’un comme l’autre ! La science et la technique pas plus que le capitalisme n’ont paupérisé le monde. Ils lui ont au contraire, permis de faire un bond en avant dans la production et le bien-être matériel qu’aucun des millénaires antérieurs n’aurait pu même imaginer.
Ils ont en revanche, rompu l’équilibre démographique du monde ancien en améliorant l’état de santé général de la population au point de la voir quintupler dans les deux derniers siècles.
L’Europe aurait-elle dû s’abstenir de créer cette « civilisation de progrès » et d’en répandre partout les bienfaits comme les malheurs ? Aurait-elle dû laisser les peuples du monde à leur « état naturel de bon sauvage » ? Est-ce un bien comme le pensent les progressistes ? Est-ce un mal comme l’affirment les tenants du Club de Rome et maintenant, les « écolos-décroissants » ? Est-ce tenable comme l’espèrent les défenseurs d’une croissance durable ? Les philosophes et sociologues en disputeront mais le mouvement est désormais en marche et il emporte le monde dans son tourbillon.
Toujours est-il que le sort matériel des populations européennes n’a cessé de s’améliorer depuis la guerre et celui des populations du tiers-monde n’a pas empiré malgré leur quadruplement ou quintuplement. Mieux encore, certains pays émergents progressent à grande vitesse devenant de redoutables compétiteurs pour nos productions et au-delà, pour l’utilisation des ressources disponibles d’un monde désormais clos. Ceci pose bien évidemment, des problèmes géostratégiques importants et génère des risques majeurs de concurrence voire de conflit entre puissances ainsi que l’obligation de faire des choix d’adaptation du modèle de développement que l’Europe a répandu sur la terre. Voilà le défi que cernent très mal nos intellectuels avec leur prédilection pour le « conceptuel » trop loin des nécessités de l’action, nos économistes avec leurs modèles trop macro et trop économiques et nos socio-penseurs avec leur attirance pour le trop micro et le trop socio-culturel.
Ce modèle a permis un enrichissement tel des populations européennes et occidentales en général, qu’elles peuvent consommer comme jamais et bénéficient d’une protection sociale sans précédent (éducation, santé, chômage, retraite, vieillesse et coups du sort) à laquelle les étrangers immigrés, même illégalement, ont également droit ! Notre société n’est plus faite de castes ni de classes mais est devenue dans sa masse, une société de petits bourgeois que leurs gouvernants ont bien du mal à élever toujours plus haut depuis que leur enrichissement leur permet de se laisser aller à leurs défauts et à leurs contradictions : phobie du moindre risque, peur du changement, peur de perdre ses « avantages acquis » (en fait acquis par l’effort des générations précédentes), individualisme farouche et peur de l’« autre » qu’on masque par un angélisme béat ou un libertarisme incontrôlé, une avalanche de bons sentiments et une extrême sensibilité aux modes et poncifs socio-culturels récurrents (les pauvres, les immigrés, les minorités en tout genre, les Droits de l’Homme invoqués à toute occasion sans bien sûr, jamais évoquer les Devoirs qui y sont liés, …), mais aussi libertarisme incontrôlé, peurs millénaristes (dénigrement du progrès, climat, nucléaire, etc…), égalitarisme jaloux du succès des autres, récrimination et complainte à propos de l’emploi, du pouvoir d’achat, de la sécurité, etc … , engouement pour la fonction publique (et son « statut ») devenue dans les trois dernières décennies, l’horizon indépassable de l’ambition de nos jeunes et de leurs parents (voir les derniers sondages à ce sujet) !!! , etc, etc…
Nous avons pratiquement réussi à créer une société à classe unique moyennement enrichie dont l’âme est effectivement altérée par la peur de perdre ses acquis et que ses penseurs et faiseurs d’opinion entretiennent dans la rêverie d’un droit au bonheur sans effort et sans responsabilité … et nous voilà sur l’écueil comme disait Simone Weil ! Il faut se réveiller !
L’après-guerre a fini par accoucher d’un peuple de petit-bourgeois convenablement repus et largement protégés mais insatisfaits et insatiables
Dans le sillage des réflexions de Nietzsche sur la nature humaine, Ernst Jünger, honnête homme allemand et européen du 20è siècle, penseur et guerrier à la fois, critique lucide mais optimiste quant à la capacité de l’Europe à se reconstruire après la guerre, décrit ainsi le processus de « médiocrisation » de l’homme qui allait devenir l’archétype de notre désespérante société de petit-bourgeois : … « bien qu’il ne soit pas dépourvu de lieux communs spécieux, il sera dispos, intelligent, actif, méfiant, sans amour pour les belles choses, dénigreur par instinct des types et des idées nobles, attentif à ses avantages, épris de sécurité, docile aux propagandes, enflé de théories philanthropiques, mais tout aussi enclin à recourir à la contrainte pour peu que ses proches et ses voisins ne se plient pas à son système ». Le constat d’aujourd’hui vérifie la vision d’après-guerre. Mais dans son ouvrage La Paix, il ajoute de façon plus positive à propos de l’Europe : … « voici venue l’heure de la réunion, celle où l’Europe, se fondant sur le mariage de ses peuples, est en demeure de se donner sa grandeur et sa constitution …plus ancien que la couronne de Charlemagne etc… … ».
Il n’y a rien à ajouter dans la description du « bobo » bien-pensant, geignard et velléitaire d’aujourd’hui mais la prémonition de la réunion de l’Europe et de sa grandeur nous redonne espoir de transformer notre « bobo » en européen responsable et capable de sublimer sa civilisation en la portant en tête du mouvement général de renouveau des civilisations du monde. Encore faudra-t-il prendre le bon chemin dans la construction de l’Europe !
De ce petit-bourgeois européen, on ne saurait dire quel est le plus détestable : le français, l’anglais ou l’allemand ou plus généralement le latin ou le nordique ? Toujours est-il que c’est ce matériau-là que nos gouvernants auront à travailler. Souhaitons-leur beaucoup de courage et d’esprit de responsabilité !
Confortablement installé dans les « acquis » de ses pères, il n’en veut plus bouger et se laisse anesthésier par le prurit des droits dont on veut le gaver sans même lui parler de ses devoirs au risque de laisser se déliter peu à peu le principe fondateur de la vie dans une société démocratique, à savoir l’esprit de responsabilité.
Devant l’envahissement de l’esprit petit bourgeois, déjà au début du siècle passé, Lénine voulait le plus vite possible, faire la révolution avec le prolétariat avant qu’il n’en soit corrompu et Nietzsche déplorait la rareté du sentiment aristocratique qui seul, pouvait porter l’homme ou la nation au delà de ses pauvres possibilités intrinsèques.
Son essence est par nature médiocre ou moyenne et son esprit ramène constamment l’homme à son nombril sécurisé rejetant instinctivement toute forme de changement et de surpassement c’est à dire toute forme de progrès intellectuel et matériel, culturel et spirituel. Il est totalement imprégné de l’égalitarisme de la révolution française et ne conçoit pas que quelqu’un puisse légitimement être plus riche, ou peut être tout simplement plus intelligent ou plus actif, comme d’autres peuvent être meilleurs musiciens ou mieux jouer au football ! Pire encore, son individualisme forcené lorsqu’il s’agit de ses droits, se transforme en une hargne désespérée lorsqu’il exige que les autres, par le biais de l’Etat, payent pour les lui garantir.
La distinction traditionnelle entre le paysan, l’ouvrier, l’artisan, l’entrepreneur, le fonctionnaire, les chefs élus ou de droit divin bref, entre le peuple, le bourgeois et l’aristocrate s’est effacée avec le progrès égalisateur des techniques et la généralisation des systèmes de protection sociale de sorte qu’on se trouve maintenant devant une immense masse moyenne où chacun vit à peu près confortablement. Et lorsque ses ambitions de consommation ou ses besoins de sécurité dépassent ses moyens limités, notre homme fait appel à l’Etat ou à son assureur et mieux encore, à l’Etat assureur. Il conserve une peur diffuse de revenir à « l’état » de ses parents sans qu’il ait néanmoins conservé une idée très précise de ce que ces derniers avaient dû endurer ni comment ils avaient pu faire face à l’adversité. Notre moderne ménagère urbaine (la « ménagère de moins de 50 ans » selon la définition des hommes de marketing) s’étonne de trouver si chers les fraises, le raisin ou les cerises du mois de Janvier et ses enfants ont perdu la notion que derrière l’usine et la boîte en carton, il y avait la vache pour produire le lait ! Elle se plaint de ne plus pouvoir payer ses produits « bio » parce que les traites de l’écran plat et du dernier gadget électronique qu’elle vient d’acheter pour ses enfants, ne lui laissent plus rien ! Elle raffole du « festif et du consensuel » dont la Mairie de Paris par exemple, très « in » depuis 2001, lui fournit le cadre avec ses « fêtes » multiples de la musique, du printemps, du voisinage, des homosexuels, du pain, de la femme, des fleurs, des jardins…. organisées dans des « espaces civilisés », c’est très chic et follement gai, son Paris-Plage « social » et la « Nuit blanche » où les bobos s’efforcent d’entraîner le commun dans un même élan « citoyen, fraternel, social, festif et naturellement compassionnel » comme autrefois on organisait les fêtes de charité dans les paroisses. La bourgeoise moderne « de gauche », est en effet, l’héritière directe de la « ringarde » dame de bonnes œuvres du passé. On en trouve d’ailleurs les modèles plus ou moins idéologiquement agressifs ou naturellement bons, parmi les femmes les plus en vue de tous les partis avec une particulière densité, il faut l’avouer, au sein du Parti Socialiste qui reste à cet égard, le premier parti de France !
La société petite bourgeoise aseptisée et uniformisée couvre l’Occident tout entier et se répand dans les pays en développement où émerge peu à peu une classe moyenne triomphante comme la nôtre l’a été il y a quelques décennies (« civilisation du VRP » après la guerre, civilisation « de la pub et de la com » de nos jours). Le cas français présente comme toujours, une plus grande originalité que l’anglo-saxon, l’allemand, le japonais ou le coréen par exemple : le français en effet, pousse à l’extrême son côté individualiste, égalitariste, critique et râleur au point d’empoisonner la vie publique de son pays et d’obliger la France à muter de happening en happening, parfois révolutionnaire. C’est Cuvier contre Darwin !
Ce comportement de peur et de refus du combat commence précisément à régner au moment où la pression du monde extérieur oblige la société européenne à s’adapter d’urgence pour être plus efficace sous peine de faillite de nos entreprises, de chute de l’emploi, de ruine de la protection sociale et de submersion de nos pays par les produits du monde en développement voire par leurs populations beaucoup plus dynamiques et volontaristes.
La richesse est un bienfait mais elle peut être aussi le début de la décadence si elle incite à la facilité et au repli égocentrique. Il faut donc arrêter de sacrifier au négativisme qui enfonce la jeunesse dans la morosité et dans une indignation stérile comme le font nos faux-penseurs à travers leur caisse de résonance médiatique … l’aider au contraire, à reprendre confiance et aller sur les hauteurs pour mieux comprendre ses faiblesses car les échecs ne sont pas nécessairement « la faute des autres » ni celle de la société ou de l’Etat ! La responsabilité s’apprend à condition qu’on veuille bien l’enseigner au lieu de la nier comme l’ont fait inconsidérément nos penseurs, philosophes et pédagogues des dernières décennies.
Dans notre démocratie sociale en froid avec l’idée de grandeur, les acteurs politiques et sociaux flattent plus la gloutonnerie, le conservatisme et l’aversion au risque de leur « clientèle » qu’ils ne lui prêchent la nécessité de l’effort
Vox populi, vox Dei ! A Sciences Po, on conclut généralement en affirmant que la démocratie est la moins mauvaise des formes de gouvernement. Certes, mais la démocratie n’implique pas nécessairement qu’il faille suivre le peuple ou les sondages d’opinion et encore moins la rue ou les manifestations d’intérêts catégoriels. La France ne s’est pas trouvée mal que De Gaulle n’ait pas suivi le peuple et ses élites, en 1940 puis en 1958. A ces moments cruciaux de notre histoire, et malgré les récriminations et admonestations de quelques belles âmes intéressées ou plus soucieuses de la forme que du fond, le peuple a fini par suivre le bon sens et le courage dans lesquels la forme et le fond se sont enfin réconciliés. De l’autre côté du spectre politique, le journal Le Monde, porte-étendard de la bien-pensance de gauche, à l’occasion de l’anniversaire du Front Populaire de 1936, faisait le point au mois de Mai 2006, sur la mythologie qui en est née en s’appuyant sur les écrits de quelques historiens ou penseurs. L’un d’eux, Antoine Prost, situe bien le problème en considérant que « le travail, valeur fondatrice du mouvement ouvrier français, référence éthique qui justifiait son combat et structurait son identité, est devenu un emploi, une place qui garantit un salaire et permet l’accès aux loisirs » et il conclut : « comme la question ouvrière, la classe ouvrière et l’histoire ouvrière, le travail a perdu sa centralité ». On ne saurait mieux décrire l’évolution qui, d’un vrai combat pour le progrès social et la reconnaissance du travail, a amené le Front Populaire à gaspiller son énergie dans des discours sur l’anti-fascisme et la guerre d’Espagne au lieu de faire une politique économique forte et de réarmer le pays face à l’Allemagne nazie, qui étaient alors les vraies priorités. La même difficulté à identifier les priorités et le même romantisme social voire révolutionnaire ont survécu à la défaite et à la Libération et ont imprégné les esprits de gauche à tel point qu’ils ont persévéré dans l’erreur dans leurs tentatives de Mai 1968 et resservi les mêmes plats bien affadis lors des « grandes manifs » de 1986, 1995 et 2006 comme si la classe ouvrière restait l’aile marchante du prolétariat et si le communisme ne s’était pas effondré ! La gauche française ne s’est toujours pas rendu compte de l’avènement de la société petite bourgeoise, société sans classe bien sûr mais d’une nature bien différente de celle qu’elle fantasmait. Avec cette nouvelle classe dominante, on n’en est plus à la révolution ni à la sacralisation de la valeur travail mais au conservatisme « pépère » et au travail considéré comme une source de revenu parmi d’autres. Cela n’emporte évidemment pas, la même dynamique de progrès et n’induit pas le même enthousiasme !
Le Monde avait d’ailleurs curieusement intitulé son dossier « Invention d’une mémoire » : mauvais titre parce que le qualificatif d’invention dévalorise une lutte tout à fait justifiée à l’époque et parce que le peuple français n’a pas besoin de « mémoires » passagères aussi utopiques soient-elles, ayant déjà construit sa mémoire depuis les Mérovingiens.
Enrichi et sécurisé, ayant perdu la notion des saisons et mis en cocon dans sa ville avec tous ses avantages économiques et sociaux, notre urbain protégé a perdu le sens du combat en même temps qu’il en perdait l’envie mais il a gardé ses gènes gaulois. Au lieu de faire face lui même, il confie alors à ses « bêta bloquants » habituels, c’est à dire aux syndicats conservateurs, aux associations de défense des droits de l’homme, défense des petits porteurs d’actions ou autres brimés de la société sans oublier les groupuscules anarcho-gauchistes, alternatifs, communistes révolutionnaires ou écolo-intégristes, le soin de signifier à l’Etat de ne rien changer à ses droits acquis, surtout s’il fait partie d’une minorité sexuelle, ethnique, religieuse ou tout simplement économique ou sociale. Il est vrai qu’il devient difficile d’inventer de nouveaux droits qui ne seraient pas des gadgets, c’est sans doute pourquoi la revendication est maintenant devenue plus conservatrice que créatrice de droits. La majorité des syndicats traditionnels en effet, comme Force Ouvrière, CGT, FSU et autres syndicats d’enseignants, plus récemment SUD, sont devenus des organisations de défense corporatiste qui ne représentent qu’une part infime du monde du travail dont quelques % seulement sont syndiqués, presque tous provenant du secteur public ou para-public. A la manière des jouets mécaniques, leurs mouvements sont réglés par l’engrenage d’une obsession qui vire à la paranoïa, pour la défense d’un « service public » que personne n’attaque mais que tout le monde voudrait voir plus efficace et moins coûteux. Ils sont de fait, devenus les défenseurs auto-proclamés d’un secteur déjà ultra-protégé qu’ils co-gèrent avec l’Etat, celui-ci ayant depuis longtemps abandonné ses responsabilités et laissé son autorité dépérir. Ils contribuent donc, un peu honteusement mais très efficacement, à creuser l’écart de protection avec le secteur exposé dont la clientèle leur échappe. Ainsi survivent-ils au détriment de cette dernière. En réalité, plongés dans leurs querelles internes avec leurs courants ou minorités trotskiste, stalinienne, maoïste ou anarchiste, ils défendent leurs permanents et leur intérêt étroitement institutionnel, c’est à dire leur existence en tant qu’organisation, beaucoup plus que les intérêts de leurs adhérents sans parler de ceux des travailleurs qu’ils prétendent représenter. Mais ils contrôlent quelques secteurs stratégiques, transport, énergie, fonction publique notamment, qui les rendent incontournables jusqu’à ce qu’un jour les conditions de représentativité et d’action syndicales soient enfin mieux cadrées pour tenir compte de l’évolution du monde et éviter les dérives mortelles pour les entreprises et pour l’emploi (on peut citer à cet égard les exploits de la CGT et autres sections syndicales corporatistes des marins et dockers qui ont failli « couler » les ports de Marseille et du Havre face à Gênes, Barcelone, Anvers, Hambourg ou Rotterdam et qui ont véritablement ruiné le transport maritime français, SNCM, Sea France, etc …) . Ils n’ont pratiquement aucune représentativité parmi les travailleurs des entreprises du secteur privé c’est à dire ceux qui produisent la richesse du pays, où seule la CFDT a acquis depuis une quinzaine d’années, une certaine crédibilité grâce à une vision non- totalement imbécile des rapports de l’économique et du social. Espérons que les autres syndicats, unions, fédérations et confédérations surmontent bien vite leur peur panique du changement et s’ouvrent aux réalités du monde, laissant à leurs minorités agissantes et aux quelques groupuscules réactionnaires ou révolutionnaires, la conservation d’un monde révolu et l’idée du « grand soir ». Allons, encore un effort, et la CGT, FO, SUD et les syndicats enseignants y arriveront bien un jour !
Le parti socialiste quant à lui, devenu pourtant un raisonnable parti de gouvernement, joue à cet égard un jeu particulièrement trouble et contradictoire. Il en rajoute lorsqu’il n’est plus au pouvoir et lance ses organisations relais, SOS-Racisme, UNEF, « syndicats » lycéens (pourquoi d’ailleurs s’arrêter aux lycéens et ne pas mobiliser aussi les poupons des crèches et des maternelles ?) et organisations variées de défense des droits de ceci ou cela, … pour brouiller les cartes et le reconquérir. Lorsqu’il a de nouveau le pouvoir, il déclare la bataille terminée, il distribue les places, embourgeoisant du mieux qu’il peut les anciens trotskistes des organisations qui l’ont aidé et souffle tranquillement dans le sens du vent avec par exemple, les 35 heures et le généreux mythe du partage malthusien du travail, le salaire étudiant voire le salaire jeune pour tous, la multiplication d’allocations diverses dans le sens d’une protection universelle renforcée et des nouveaux droits qu’il faut bien inventer pour plaire au peuple. Des devoirs en échange, on n’en parle pas, ce ne serait pas correct ! La seule limite qu’il connaisse, est celle des possibilités budgétaires qui se résolvent soit par des augmentations d’impôts ou de cotisations, soit par des ventes d’entreprises publiques puisqu’on ne peut plus faire marcher la planche à billets ni dévaluer la monnaie. Il n’est plus révolutionnaire, il est devenu gestionnaire mais il n’est pas encore « actionnaire ». Il a beaucoup de chemin à faire, espérons qu’il ne persévère pas dans l’erreur économique à force de vouloir faire le bien de tous ! Le journal Le Monde, à l’occasion lucide, se rattrape dans un article d’Eric Le Boucher du 7-8 Janvier 2007 qui tout en reprochant à Jacques Chirac, une trop grande propension à « multiplier les droits à… ceci ou cela », s’inspire du rapport Jouyet-Lévy sur « l’économie de l’immatériel » pour affirmer : « nous devons nous débarrasser du réflexe qui consiste à favoriser les situations acquises, la France se perd à vouloir protéger, accorder des droits à …, des avantages, des aides, elle doit faire siens les mots innovation, incitation, changement, ouverture, bref mettre enfin le pays dans le mouvement rapide de la mondialisation » et il ajoute : « comme dirait Chirac ». On aimerait lire plus souvent de tels articles dans Le Monde qui, abandonnant son tropisme bien-pensant toujours récurrent, devrait au contraire mettre en exergue les erreurs manifestes du PS pour lui éviter d’en commettre d’autres toujours plus graves. Hollande alors, se sentant soutenu par la « bien-pensance officielle de gauche », ne se croirait plus obligé de prendre des décisions à contre-sens de la marche normale de l’économie comme l’ont fait Jospin avec les 35 heures ou Mitterand avec la retraite à 60 ans ! Le Monde ne serait plus alors complice de tromperie à l’égard du peuple ni de diffusion démagogique d’erreurs grossières de jugement !
On peut toujours rêver car si Le Monde et tous les journaux ou magazines bien-pensants qui se sont comportés en agents de propagande électorale des socialistes en 2012, tirent maintenant à boulets rouges sur le « pauvre Hollande », ils continuent de penser faux en matière économique et sociale sous l’emprise de cette gangue intellectuelle qui leur tient lieu de bréviaire et dont ils n’arrivent pas à se débarrasser.
N’ayant pas une très grande culture économique ou, enflammé par la rhétorique de justice sociale de ses porte-parole, notre petit bourgeois en perd la moitié du bon sens dont il est souvent crédité et oublie en effet, que les droits sociaux se payent, qu’on ne peut les payer que si l’économie marche bien mais que celle-ci évoluant dans un contexte mouvant, va devoir faire face à des évolutions et à des changements de plus en plus rapides dans l’organisation des facteurs de production à commencer par le travail et le capital . Récemment encore, un chef d’entreprise essayait d’expliquer sur les ondes de France Inter que s’il n’avait plus de commandes parce que ses prix étaient devenus trop élevés ou que la conjoncture s’assombrissait soudainement, il ne pourrait plus embaucher et devrait peut être débaucher après avoir réduit au mieux ses coûts hors salaires et satisfait à toutes les conditions que prévoit le code du travail. Jusque là le commentateur journaliste et le public comprenaient en reprochant toutefois, à « l’entrepreneur qui est riche » de licencier des salariés qui sont pauvres ! Le chef d’entreprise continue en expliquant que si les commandes reviennent, il va évidemment penser à embaucher mais qu’il va hésiter parce que la réglementation du travail est très contraignante et qu’il ne pourra pas facilement se séparer de son nouvel employé s’il n’est pas bon ou si le marché se retourne à nouveau ; il ajoute que ses hésitations disparaîtraient si la réglementation lui permettait de se séparer plus facilement et plus vite, du nouvel employé en cas de nécessité : aussitôt le journaliste et le public parlent d’atteinte au Code du Travail, de précarité généralisée et finissent par admettre qu’ils préfèrent une solide protection avec des « allocations de chômage ou des minimums d’insertion plutôt qu’un emploi dans de telles conditions » ; ils parlent même d’interdire les licenciements jusqu’à ce que l’entreprise ne puisse plus payer quitte à ce qu’elle fasse faillite et mette tout le monde au chômage ! Une autre solution serait pour l’entrepreneur, de changer de stratégie et fabriquer d’autres produits éventuellement mieux adaptés à la demande mais là aussi, il va se heurter à la rigidité syndicale et au refus du changement car le personnel va devoir se former, changer de métier, changer éventuellement de lieu de travail, etc…Il pourrait aussi délocaliser sa production dans des pays qui ont mieux compris que l’économie est faite de travail mais aussi de capital et que les deux doivent être rentables . Là, c’est l’horreur ! Bref, que meure l’entreprise et que meure l’emploi plutôt que d’accepter de prendre le moindre risque, de changer ses habitudes ou d’adapter la réglementation qui bloque (un autre exemple récent de ce blocage mental mortifère est celui du comportement des syndicats d’Arcelor à Gandrange ou de Goodyear à Amiens … et malheureusement aussi de notre Ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, qui accumule les inepties politiques et économiques !).
L’idée centrale est que de toute façon, « les riches peuvent payer et quand ils ne pourront plus, l’Etat y pourvoira » !
Autre exemple de rigidité : combattant une mesure gouvernementale du printemps 2006 qui prolongeait jusqu’à deux ans la période d’essai des jeunes nouvellement recrutés pour lever les hésitations à l’embauche des petites et moyennes entreprises, les belles âmes de gauche ont poussé les jeunes à placarder dans les rues de Paris, une affiche proclamant : « 2 ans sans l’ouvrir ! ». Interprétant le souci ainsi exprimé par ces jeunes à la recherche d’un emploi, on peut se demander s’il est vraiment anormal et intolérable de faire ce que vous demande votre patron et pour quoi il vous paye, sans nécessairement devoir discutailler sur le travail demandé ou avoir le droit de le chicaner ou le traiter d’exploiteur !? Peut être préfèrent-ils « 2 ans sans travail » ? Le scandaleux de cette attitude, est que les jeunes en question ont apparemment le choix, soit « l’ouvrir et ne pas travailler » soit « accepter un travail sans l’ouvrir » : des millions voire des milliards de jeunes des pays en développement aimeraient avoir ce choix ! Attention ! ils risquent de courir bientôt plus vite que nos enfants de riches si ces derniers et leurs parents ne comprennent pas très vite les changements du monde actuel. Le principe de protection à 100 % , zéro risque et parcours sécurisé, est maintenant considéré comme un droit tandis que le modèle du « fonctionnaire tranquille, inamovible et à progression salariale garantie quels que soient ses mérites ou son efficacité » devient l’objectif de nos jeunes et de leurs parents. Or ceci nous arrive au moment précis où la guerre économique mondiale nous force à réagir de plus en plus vite pour ne pas nous laisser déborder par d’autres peuples qui, eux, doivent d’abord survivre et envahiront très vite l’espace vide qu’on leur laissera par notre laisser aller ou notre négligence.
On atteint là, le degré zéro de l’intelligence et du bon sens : « voilà pourquoi j’ai cessé d’admirer la France » proclame Denis Mac Shane, ancien ministre travailliste des Affaires Européennes et francophile, devant le blocage mental « d’une poignée d’étudiants manipulés et d’un quarteron de syndicats non représentatifs » et le « recul d’une droite indécise devant les réformes nécessaires ». Rassurons-le cependant, la maladie n’est pas seulement française, elle est partout où règne le petit bourgeois protégé mais non éclairé et si la France se trouve effectivement dans la partie basse d’un cycle socio-politico-psychologique analogue à celui de l’Angleterre des années 70-80, il semble que depuis quelques années, cette dernière soit en fin de cycle haut après ses brillantes années 90.
On peut accélérer ou ralentir les cycles par des politiques et des comportements plus ou moins adaptés mais on ne peut pas arrêter l’évolution. Bloquer le changement revient donc à bloquer le progrès des droits et à les voir progressivement faire faillite avec les entreprises auxquelles ils sont indissolublement attachés, face à la compétition des autres, développés, émergents ou sous-développés. C’est simple mais nos syndicalistes conservateurs et nos défenseurs des droits divers veulent conserver la clientèle qui ne les a pas encore laissé tomber et la trompent sans vergogne pour continuer d’exister au lieu d’assurer « l’éducation des masses » ou ce qui serait mieux, l’information et la responsabilisation de leurs clients. L’exploitation du conflit social devient ainsi pour les partis et organisations syndicales ou associatives nourries d’une culture marxisante, la condition de leur survie même si elle s’avère incapable de leur offrir un quelconque avenir. Il est vrai qu’il subsiste encore et qu’on entretient délibérément dans l’esprit de beaucoup et surtout chez ceux du secteur public, une grande confusion entre les notions de client et d’usager (beaucoup pensent encore « administré » voire « assujetti » !), entre service public industriel et commercial et service public administratif, entre intérêt général et intérêt du service public et enfin, entre intérêt du service public et intérêt des employés du service voire plus fort encore, entre intérêt des employés du service et intérêt des organisations qui prétendent les représenter. On le voit par exemple, à l’occasion des manifestations des syndicalistes du secteur public par procuration desquels le petit bourgeois exprime son mal de vivre sans trop se déranger et en fait, sans rapport avec l’objet de la manif ! Une certaine masse de manœuvre étudiante aussi, est exemplaire à cet égard, égarée qu’elle est par quelques associations de défenseurs des « droits divers » et trop souvent, par quelques uns de ses professeurs ou maîtres à penser politisés et soutenus eux aussi, par leurs syndicats ou groupuscules de défense corporatistes. Une évolution intéressante est néanmoins l’apparition des organisations qui se prétendent a-politiques mais anti-racistes, de défense des droits de l’homme, des étudiants, des femmes, des homosexuels, des immigrés, etc… : c’est bien le meilleur défouloir du petit bourgeois qui s’agite, retrouve sa bonne conscience « dans la lutte » car le vocabulaire de gauche subsiste, et « réclame que tout bouge … afin que rien ne change » selon la phrase célèbre de Lampedusa. Non ! il n’y a que deux possibilités : ou bien on fait la révolution et c’est en général très pénible pour tous, ou bien on s’attache à résoudre les problèmes dans toute leur complexité et ce ne sont pas des criailleries hors du temps et du sujet qui y mèneront.
« Chacun en effet, veut cuire sa petite soupe, sur son petit feu dans son petit coin ». Cette vieille formule était malheureusement prémonitoire et si elle était censée stigmatiser l’attitude de trop de français dans les années 50 et 60, on n’imaginait pas qu’elle devienne la règle dans les sociétés urbaines civilisées cinquante ans plus tard. On est loin des grandes empoignades romantiques et des crimes contre l’esprit des idéologues de la première moitié du 20è siècle où l’on voulait faire le bonheur des gens malgré eux, à une époque où on prétendait savoir où et comment on fabriquait le bonheur ! Cela s’est traduit par les catastrophes humaines que l’on sait et qui nous font maintenant préférer notre statut de petit bourgeois sécurisé ! Mais attention, il ne s’agissait alors que de guerre idéologique et matérielle entre quelques nations européennes ! On passe maintenant à une autre échelle car il s’agit tout simplement d’une compétition mondiale où les nations européennes en y incluant la Russie et les Etats Unis, ne représentent plus qu’une fraction sans cesse décroissante de la population mondiale (on en arrive à 15 % contre 30 il y a seulement 40 ans !) : il y aura probablement 8 milliards d’individus en 2025 dont la moitié sera plongée dans la pauvreté ou la pénurie et le quart connaîtra la faim de façon habituelle ou récurrente, alors que ni les élites dirigeantes des pays concernés ni les organisations d’aide au développement, n’ont été capables de faire face au problème. Il serait donc suicidaire pour tous, de continuer à penser selon des schémas et des idéologies inadaptés ou de continuer de se tromper de stratégie et de mal gérer le développement.
Bien-pensance, « indignations », peurs et chimères … le petit-bourgeois européen inconscient des problèmes du reste du monde, se laisse abuser par ses faux-penseurs et ses faiseurs d'opinion.
Peurs, fantasmes et indignations sont les manifestations actuelles d’une très longue erreur de processus intellectuel. Celui-ci a permis aux poncifs les plus primaires des vieilles idéologies de combat social de se transcender en une bien-pensance de masse politiquement et socialement correcte où les très chrétiens (et donc très anciens !) bons sentiments et droits de l’homme ont fini par prendre l'avantage sur les velléités révolutionnaires en faisant figure d’idéologie nouvelle !
Nos intellectuels germanopratins d’après-guerre ont « structuré » le processus, nos bourgeois « révolutionnaires » de Mai 68 l’ont braillé dans les rues, nos modernes penseurs humanitaristes l’ont enjolivé et nos hommes de media avec leurs "experts et leurs humoristes" se sont chargés de répandre le mal pour en faire le « standard » (le catéchisme !) de pensée et de comportement du petit-bourgeois occidental, l’homme nouveau du stade actuel d’évolution de notre société .
Cela couvre le champ immense de toutes les futilités et caprices que peuvent se permettre nos populations moyennement enrichies et moyennement éduquées mais socialement bien protégées ... et largement à l'abri des besoins primaires que la plupart des autres peuples du monde cherche encore désespérément à satisfaire. Ces derniers et leurs gouvernants ne pouvant s'offrir le luxe de perdre leur temps et leur énergie avec l'accessoire, se consacrent à l'essentiel et ce faisant, bousculent joyeusement notre économie et notre civilisation bien installée dans ses meubles et ses filets de sécurité. Nos gouvernants en retour, seraient bien avisés de les fouetter avec entrain et de leur redonner la volonté de se battre quitte à leur enlever un peu de leur amollissant confort !
Nos belles âmes confortablement installées et à l’abri du besoin, peuvent donc s’offrir la coquetterie de contempler sinon de soigner leurs obsessions et complexes existentiels en faisant une priorité des problèmes secondaires et une norme de ce qui est a-normal. Ils se dépensent ainsi sans compter pour "sacraliser l'homosexualité", "se repentir du colonialisme et de l'esclavagisme", "ouvrir grand les portes de l'immigration aux pauvres gens du monde entier", "promouvoir la diversité par la discrimination positive", "défendre la laïcité en confondant islam et islamisme", "adoucir la peine des délinquants pour faciliter leur réinsertion", "traiter les inégalités par l'égalitarisme", "faire de l'école un lieu d'auto-apprentissage d'une liberté sans repères et sans contrainte", "consacrer le service public en tant que propriété des syndicats censés représenter l'intérêt du peuple", etc ...
Tout ceci est faux, saugrenu et souvent dangereux par le sentiment de permissivité sociale généralisée et le délitement continu du sens des responsabilités individuelles et collectives qu'il engendre mais nos gouvernants ont rarement osé le dire et encore moins réagir !
La France à cet égard peut s'enorgueillir d'un aveuglement exceptionnellement long depuis Mai 68 et plus intensif encore depuis les années 80 … et pendant ce temps le monde avance, il ne nous attendra pas !
Nos intellectuels n’ont pas nécessairement l’intelligence du monde ! … du penser-faux à la bien-pensance de masse, ils ont de façon très légère, conduit et cautionné le processus de déliquescence de cette société de petit-bourgeois égotistes et peureux
Ils se satisfont trop souvent de grandioses spéculations ou tout simplement de mots que la réalité ne reconnaît pas … ils sont dans la parole et pour l’action, ils laissent les risques à d’autres !
… n’ayant pas su aller sur les hauteurs, ils n’ont fait qu’accompagner l’évolution du monde sans montrer la voie et, pensant faux, ils ont souvent poussé le troupeau dans des impasses ou des précipices ! A ces modernes sophistes, on devrait donner la ciguë !
Déjà avant la guerre et pire encore depuis, la plupart de nos « grands » penseurs, philosophes, sociologues, écrivains, vulgarisateurs et artistes, passés ou non par Normale Sup, habitant ou non du côté de Saint Germain des Prés, ont mis une vie entière à reconnaître les lubies, turpitudes et crimes du communisme qu’ils tenaient pour l’horizon indépassable de l’évolution de la société (« l’illumination sartrienne » après la « gidienne » !).
Pour se remettre de leur échec intellectuel, ils ont plongé dans l’excès de tolérance, l’indignation démocratique, la compassion et la repentance sur tous les sujets sociétaux qu’ils avaient mal appréhendés ou niés à travers le corset du marxisme appliqué et des substituts qu’ils s’étaient efforcés de lui trouver. Ils étaient très doués pour la ratiocination et les analyses au long cours des concepts les plus théoriques et des « démarches artistiques» les plus farfelues. Duchamp, Sartre, Althusser, et tant d’autres en France, en Europe et aux Etats-Unis ont mené ce glorieux combat ! Mais ils se sont tous révélés fort peu inspirés dans la recherche de solutions pratiques aux problèmes du monde réel.
Libre à chacun d’admirer leur brillante mécanique intellectuelle ou leur extrême sensibilité artistique mais on reste pantois devant leur manque d’intelligence du monde. Ce fut un jeu indigne de leur part car ils ont trompé des générations de jeunes gens. Ils se sont comportés comme des esprits légers et cyniques, amateurs de masturbation intellectuelle s’ils ne croyaient pas à leurs discours ou dangereux gangsters intellectuels s’ils y croyaient !
Comment ne pas s’indigner en effet ? ! Ces intellectuels bourdonnant dans les différents Saint Germain des Prés européens ont en effet, poussé dans l’impasse de la déresponsabilisation et du relativisme, des millions de gens à qui ils ont appris à penser faux, en leur faisant croire qu’ils avaient des droits sans leur parler de leurs devoirs et en les incitant à tout attendre de la société plutôt que de leur propre effort comme si cela leur était dû.
Dans Paris en effet, résonnaient alors le malentendu du cri sartrien « l’enfer, c’est les autres », le vacarme des accouchements douloureux de nos philosophes de la Rue d’Ulm des année 60 et 70 à la recherche des avatars du marxisme et du freudisme, l’angoisse foucaldienne des questionnements sur la nécessité de la révolution ou marcusienne sur le rôle des avant-gardes, les craquements des échafaudages « structuralisants » des penseurs de nos Ecoles en Sciences Sociales (« rhétoricien vieilli de la réconciliation entre l’individualisme libertaire et le structuralisme » disait Régis Debray de ce pauvre Foucault), les slogans de nos « pédagogistes » (« les enfants doivent construire eux-mêmes leurs propres savoirs ») ou pédo-psychiatres (« ne pas punir et ne pas traumatiser nos enfants ») en passant par la « badintérienne » affirmation de la part de responsabilité de la société à l’égard des délinquants, ou la « langienne » revendication que tout est art (reprenant avec moins de verve la phrase de Duchamp « un pet d’artiste , c’est de l’art ! ») et les innombrables « bourdieuseries » concernant les élites ou les écoles jusqu’à l’onanisme intellectuel du « gender » (qu’avait-on besoin d’aller le chercher en Amérique puisque nous avions déjà Simone de Beauvoir ?) ou encore les clameurs des grandes consciences de la bourgeoisie germanopratine, judiciaire, enseignante, politique ou journalistique, les derniers se contentant de penser mondain (Sollers) ou complexe (Edgar Morin) ou de s'indigner que le monde ne soit pas parfait (Stéphane Hessel) avant de se reconvertir dans le sauvetage de la « planète », la multiplication des « droits » de chacun à l’égard de tous et la lutte finale contre le mal et les méchants, etc, etc, ...etc, etc, ...
En écho du vide que ne cessent de brasser nos intellectuels, quelques invités des "Nouveaux chemins de la connaissance" sur France Culture le 31 Août 2012, discutent gravement de l'influence de la pensée française dans le monde en se référant à la gloire passée (et selon eux "indépassable") du structuralisme et du (dé-)constructivisme, tandis qu'à l'opposé, le "néo-libéralisme" prétendument d'origine américaine (?) nous anéantirait par la pensée unique qu'il imposerait au monde !
A bien les entendre, une pensée unique bien française (c'est à dire "correctement gauchisante") à la façon d'un Bourdieu cité en exemple par cet aréopage, serait de loin supérieure car son universalisme ne serait pas discutable puisque de gauche. A quoi se réduit donc le jugement de nos intellectuels sur la "pensée française" ?! Couper les concepts en quatre permet en effet de mieux les manipuler en les compliquant autant que nécessaire !
Les élucubrations de nos normaliens d'après-guerre restent donc encore suffisamment vivaces pour continuer d'apprendre aux jeunes à penser faux. Tous crient leurs passions pour le social et le sociétal oubliant qu’une société n’est pas faite que de social ou de sociétal et négligeant le reste, c'est-à-dire les moyens par lesquels on pourrait précisément assouvir ces passions !
La Rue d'Ulm et l'EHESS (Hautes Etudes en Sciences Sociales) ont beaucoup contribué à cette dérive vers le bavardage théorique avec à leur actif néanmoins, le démontage du marxisme et la condamnation, non toujours explicite cependant, du communisme qu'on y avait tant chéri (tout à fait dans la manière des docteurs de la loi islamique qui se réfugient dans la casuistique et les "jésuiteries" pour ne pas condamner directement les déviances islamistes) !
Ils ne pensaient que d’un seul côté. Ces penseurs hémiplégiques en effet, considèrent avec enflure le premier terme de l’équation (le bonheur de l’homme) mais oublient le second (les voies et moyens de concrétiser ce bonheur). Et il serait évidemment trop trivial de leur demander de vérifier par l’action, la validité et la faisabilité de leurs bonnes pensées et de leurs généreux discours. C’est assez gênant quand on prétend penser la société car construire l’avenir du monde ne se fait pas seulement par le verbe ! A l’époque, il valait mieux bien évidemment, se tenir sur les hauteurs du côté de Camus, Malraux ou Aron que se perdre dans les profondeurs mal éclairées que fréquentaient nos faux-penseurs adonnés les uns aux avatars criminels du marxisme appliqué et les autres aux bons sentiments sans lendemain.
A ce stade de l’évolution du processus de déliquescence de la pensée française, on écoute l’un de nos penseurs, Roland Barthes en Janvier 1977 après son entrée au Collège de France qui répond crûment (de mauvaise foi ou lucidement ?) à une question de Bernard-Henri Lévy : « je dirais pour ma part que les intellectuels ne sont pas le sel de la terre pour quoi ils se prenaient ou se pensaient mais plutôt le déchet de la société » et il précise « le déchet organique prouve le trajet de la matière qui aboutit à lui … eh bien, l’intellectuel prouve, lui, un trajet historique en cristallisant sous forme de déchet, des pulsions, des envies, des complications, des blocages qui appartiennent probablement à toute la société ». Jusque là, les propositions de Roland Barthes paraissent acceptables par leur modestie et la prise de recul qu’elles traduisent en comparant l’infinité du monde à la fragilité de la pensée humaine.
Mais il conclut en disant : « en un certain sens, comme tout déchet, les intellectuels, ne servent à rien ! ». Et cela n’est pas acceptable car si beaucoup n’ont servi à rien, d’autres au contraire, ont fait beaucoup de mal en conduisant l’humanité dans des impasses et dans l’horreur !
Ils ont bientôt été suivis par la cohorte des belles âmes qui ont angéliquement mais sans y faire explicitement référence, voulu généraliser l’excellent enseignement de Saint François d’Assise sur la charité totale et l’amour absolu que l’on doit à l’ensemble de la création. Ces concepts marqués d’un idéalisme difficile à appliquer par le commun des mortels, ont fait l’objet d’un prosélytisme ardent des défenseurs des « grandes causes » à la mode, militants des bons sentiments, activistes des droits à quelque-chose, mauvais penseurs et autres mondains qui, développant des formules « modernisées » de compassion et de charité et oubliant que les « droits » ont des « devoirs » en contrepartie, ont totalement déresponsabilisé les « masses » qui se sont alors transformées en agrégats aléatoires et protéiformes d’individus sur-consommateurs et sur-protégés aux exigences et appétits insatiables …
Avec de telles incontinences intellectuelles et comportementales, comment voudrait-on que l’esprit public ne s’avachisse ?
C’est à ces sophistes qu’on aurait dû donner la ciguë … pour avoir « corrompu » la jeunesse !
La facilité s’est mise à régner comme dans un monde de rêve où il faut s’indigner que tout ne soit pas beau ni gentil ni juste. La crise vient brutalement nous rappeler à la réalité et nous dire qu’il faut encore faire de gros efforts pour corriger le monde de ses défauts et le rendre moins injuste. Il est plus que temps en effet, de rejeter la culture de l’excuse sur les sujets dits de société (délinquance, immigration-intégration, droits des minorités, éducation en particulier) d’un côté, et de revenir à une gestion plus rigoureuse de notre « économie sociale de marché » de l’autre.
Comme Saint François, on doit avoir de l’empathie pour ceux qui souffrent mais il est plus difficile d’éprouver le même sentiment à l’égard des râleurs professionnels ou d’excuser ceux qui, se prétendant les porte-parole des pauvres, préconisent des solutions à contre-sens ! Par ailleurs, nos syndicats, nos fonctionnaires ou « employés para-publics » inquiets pour la qualité de leur service et nos jeunes angoissés devant la vie qui s’ouvre à eux, devraient méditer sur la nécessité de l’effort et du changement et, délaissant la propagande corporatiste ou crypto-révolutionnaire de leurs « minorités agissantes », analyser ce qui ne va pas en eux-mêmes car ce qui ne va pas n’est pas nécessairement « la faute des autres ».
Ce cheminement du penser-faux est devenu avec les élucubrations du printemps 68 (« il est interdit d’interdire », « jouissons sans entrave »), un flot destructeur dont les tourbillons se sont rapidement perdus dans les marécages d’une bien-pensance généralisée qui correspond parfaitement au profil égocentrique et mou de notre nouvelle société « moyenne ».
A partir de cette époque à peu près, les « penseurs » constatant l’échec des idéologies du siècle et de leurs avatars, se sont mués en vulgarisateurs de la bien-pensance politique, sociale et sociétale au confluent du tourisme journalistique et des prêches humanitaristes, … Ils maîtrisent parfaitement leur communication et utilisent les media à merveille. Quelques exemples significatifs et plus ou moins voyants dans la foule : l’un, Bernard-Henri Lévy, philosophe de la nouvelle vague anti-stalinienne, a su très professionnellement faire valoir son activisme en Libye après avoir mené ses « campagnes » d’Afghanistan, de Bosnie, du Soudan et pondu une étude très tocquevillienne qui ne nous apprend rien de plus sur l’Amérique. Un autre, Bernard Kouchner, autrefois sympathique médecin des pauvres du tiers-monde, pris de « folie communicante » et débarquant avec ses sacs de riz en prétendant sauver les somaliens affamés après avoir « fait » l’Afrique, le Vietnam, (et plus récemment le Quai d’Orsay !). D’autres jouent les oracles, l’un, Alain Minc, technocrate reconverti en financier puis conseiller du prince, célébrant la mondialisation heureuse et se précipitant pour faire un livre dès qu’une idée volète dans l’air, l’autre, Jacques Attali, ancien conseiller d’un prince passé et brillant esprit touche à tout, l’homme des catalogues de mesures-miracle, prédisant la ruine de l’euro et de l’Europe et accusant les Chefs d’Etat de manquer de vision pour n’avoir pas strictement suivi ses avis foisonnants et universels ; et tout cela alors que ni l’un ni l’autre n’ont véritablement prouvé la sagacité de leurs avis au cours de leur carrière de conseilleur ni l’efficacité de leur action quand il s’est agi pour eux d’aller sur le terrain plutôt que de discourir dans le domaine économique ou financier. Finissons cette énumération avec Michel Onfray, philosophe réputé hédoniste, anar, gauchiste, libertaire qui veut faire œuvre de vulgarisateur de la « philosophie » auprès des « masses » plutôt que de continuer à encenser les vieux maîtres à penser qui avaient tenté et raté un syncrétisme compliqué des idéologies mourantes issues du marxisme, du freudisme et de leurs déviances ainsi que des courants philosophiques éphémères d’après-guerre, syncrétisme dont la principale vertu était de leur permettre d’occuper la scène avec leur indécente logorrhée, laissant ainsi aux gogos la possibilité de croire à leur génie (« Contre-histoire de la philosophie » tomes 8 et 9) . Notre justicier déboulonne ainsi, à côté de celles des camarades penseurs des années 60-70, les statues de Sartre et Beauvoir, plus d’ailleurs sur le plan de leur comportement politique et humain que sur celui des idées et n’oublie pas Freud dont il condamne le conservatisme qui consisterait à « contenir les pulsions individuelles (au lieu de vivre pleinement sa sexualité déplore Onfray !) qui nourriraient sans fin la guerre de tous contre tous, pour que vive la civilisation ». Onfray est lui aussi en plein délire mais se rattrape un peu en disant qu’il vaut mieux aller sur les hauteurs avec Camus (probable effet de sa détestation de Sartre ?!) qui, lui, n’avait peur de rien ni des « staliniens » ni des modes intellectuelles passagères de l’époque.
Il est devenu de bon ton de nos jours, d’inclure les patrons d’associations diverses ou ONG de défense de ceci ou de cela dans cette catégorie des nouveaux penseurs. Ils sont censés faire le bien sans jamais faire de politique et excellent aussi dans cet exercice où le jeu consiste à faire croire que l’exception est ou doit devenir la règle et qu’il est infiniment plus urgent de s’occuper des clientèles minoritaires qu’on fait longuement brailler dans les rues que de traiter convenablement les problèmes de l’ensemble de la population … d’où l’attention quasi-exclusive portée aux questions « sociétales » (immigrés de préférence sans papiers, mal-logés qui sont malheureusement souvent les mêmes, homosexuel(le)s, intermittents du spectacle dont c’est évidemment la vocation de se faire entendre même aux dépens du talent des autres, etc …). Et on mélange tout cela allègrement avec les habituelles manifestations très politisées contre le racisme, l’antisémitisme ou pour la Palestine, pour la défense des immigrés ou des sans-papiers voire même contre la pauvreté, le chômage ou pour le pouvoir d’achat ou plus osé encore, pour la « défense du service public » (pauvres personnels statutaires !) en prenant garde de ne pas trop se faire voler la vedette par les syndicats ou les partis de gauche traditionnels qui en profitent pour se montrer !
Sur ce front, les associations et ONG relais du Parti Socialiste (SOS Racisme, Droit au Logement, Attac, UNEF, syndicats de lycéens, associations éducatives ou de parents d’élèves, de défense des immigrés ou des sans-papiers, etc…) sont bien entendu en première ligne !
Et si l’on étend le spectre à l’international, on rencontre la même ardeur dans le prosélytisme politique et la « communication » de la part des ONG du type Greenpeace, Oxfam, Amnesty et beaucoup d’autres ONG anglo-saxonnes dont les obsessions très orientées sont bien connues et participent de la bien-pensance générale à la mode « libérale américaine » c'est-à-dire horripilante de prétention, de bonne conscience et éventuellement, non dénuée de violence .
Nota pour ceux qu’offusqueraient les observations précédentes : des ONG ou associations sérieuses existent qui ne font pas de politique et agissent sur le terrain de façon efficace pour remédier à toutes sortes de misères mais ce ne sont généralement pas celles qu’on a citées ! Elles se concentrent en général dans l’assistance aux populations défavorisées dans les pays riches (banlieues et quartiers dits « sensibles ») ou sur la problématique du développement des pays pauvres. Elles font ce qu’elles peuvent même si elles ont peu de moyens par rapport à leurs ambitions et si leur action ne peut être de ce fait, que très ponctuelle et dispersée. Elles n’ont en conséquence et malheureusement que peu de résonance médiatique à la différence des organisations précitées qui, elles, participent pleinement avec nos fameux intellectuels au cirque audiovisuel de la bien-pensance et du penser-faux politiquement corrects à l’échelle d’un monde qu’ils effleurent.
L’imprégnation intellectuelle du penser-faux et leur superficialité de jugement avait déjà poussé certaines belles âmes (et même quelques « résistants » authentiques mais intellectuellement peu clairs dans leurs pensées) à se demander en 1958 si De Gaulle à son retour au pouvoir et bien qu’il eût déjà rétabli la République en 1944, ne risquait pas d’être « un peu fasciste » ! (« un militaire ! »). Au nom des bons sentiments et de leurs fantasmes (la démocratie et la République seraient à nouveau en danger !) , ils poussent maintenant une jeunesse gâtée et « cocoonée », peu habituée à l’effort et à la rigueur, dans le sens de la récrimination généralisée, de la contestation et du relativisme (« tout se vaut /tous pourris ») au lieu de l’encourager à se prendre en mains avec courage plutôt que se plaindre de tout, à l’image de ses parents qui lui donnent le mauvais exemple depuis quarante ans. Ils participent ainsi à la perversion de l’esprit public alors que le combat qui nous attend, est le plus dur que l’Occident ait jamais eu à livrer !
Bref, à court d’idéologie, nos intellectuels sont un peu perdus et en viennent à diluer leurs bons sentiments dans l’égalitarisme compassionnel où les documents de programme du Parti Socialiste français, semblent également vouloir se fourvoyer avec une constance têtue dans le conformisme idéologique ! Peu importe qu’on sache pertinemment que l’égalité soit une vue de l’esprit et que vouloir l’établir de force, ne puisse déboucher que sur le totalitarisme et la pauvreté généralisée d’un système de type soviétique … ou sur un communautarisme pur comme dans les communautés autarciques des Andes ou d’ailleurs !
L’égalitarisme, une imbécilité bien-pensante à laquelle nos partis de gauche sacrifient à l’approche de chaque élection … une notion complice du pharisaïsme relativiste, pilier de la bien-pensance. Non ! Tout ne se vaut pas, par exemple certaines conceptions de l’humain sont acceptables et pas d’autres, « tout n’est pas de l’art » contrairement à l’affirmation du tourbillonnant Jack Lang qui reprenait en la banalisant la provocation de Duchamp, certaines cultures bien sûr, ont plus marqué le monde que d’autres, etc… Les hommes, les cultures et les civilisations se situent donc à différents niveaux de valeur. Ils ne sont ni égaux ni semblables même si nos valeurs occidentales voudraient idéalement qu’ils le soient et qu’ils évoluent vers cet idéal. Les capacités, le rayonnement, la puissance des uns et des autres n’ont pas été ni ne sont les mêmes dans le temps ni dans l’espace.
Le concept de « civilisation mondiale » est peut être ( ?) une belle utopie (à condition qu’elle garde sa diversité créatrice !) mais en attendant sa concrétisation, reconnaissons aux vrais pauvres, ceux du tiers-monde, et à eux seuls qui n’ont ni assurance-chômage, ni sécurité sociale ni retraite ni même d’emploi régulier, le droit de se plaindre … or ils ne se plaignent pas à la différence de nos « petit-bourgeois indignés » qui le font sans pudeur alors qu’ils ont tout cela et souvent même la garantie de l’emploi pour les plus revendicatifs d’entre eux !!!
Nos intellectuels ont apparemment du mal à se débarrasser des fausses idéologies et tournent en rond ! Beaucoup se lancent aussi dans la voie plus moderne du « durable » et de l’écologisme qui risque de devenir le nouveau totalitarisme de la bonne conscience (d’autant que la grande masse des troupes écologistes a été éduquée à l’école du gauchisme !). La « prêtrise » et la logorrhée des droits de l’homme sont aussi un débouché fructueux pour nos intellectuels en recherche de vérité (de Dieu ?).
Un exemple de cette dernière démarche nous est donné par le récent ouvrage de deux grandes figures de notre « paysage intellectuel et audiovisuel » actuel, nos très « médiatisés » Stéphane Hessel et Edgar Morin, dans leur essai « Le chemin de l’espérance ».
Cet ouvrage est censé proposer une nouvelle voie à nos jeunes indignés et pourquoi pas à l’humanité toute entière, parler d’action puisque nos auteurs ont déjà longuement parlé d’indignation dans de précédents pamphlets. Ils ont en effet, amplement démontré depuis la guerre qu’ils étaient à l’affût de la moindre « pétition ou manif » pour les bonnes causes, contre l’oppression, contre le colonialisme, contre l’exploitation, pour la veuve et l’orphelin, bref, pour « tous les DDH jusqu’au dernier » au risque d’échouer dans le « droit-de-l’hommisme » et par leur idéalisme échevelé, d’aller contre leur propre objectif de réaliser le bonheur pour l’humanité ! Comme ils le disent eux-mêmes il ne suffit pas en effet, de s’indigner, il faut agir ! Et pourtant, dans cet ouvrage à quatre mains, on retrouve sensiblement le même discours fait de bons sentiments accompagné de propositions pleines de bonnes intentions ou plutôt de velléités dont la faisabilité sinon la désirabilité semblent avoir été assez hâtivement étudiées.
On y évoque une politique de civilisation et du « bien-vivre », concept plus large et salvateur de l’humain à la différence du vulgaire « bien-être » qui réduit l’homme à son ventre. On y recherche un équilibre durable de la planète, la justice sociale, etc… Bien sûr, mais de programme d’action, d’approche, de méthode, point ! Qui par ailleurs, pourrait être contre le fait de « briser la bureaucratisation (dérobotiser les travailleurs des administrations et des entreprises pour leur rendre l’initiative …) et juguler la compétitivité exacerbée, … promouvoir une vaste politique de qualité de la vie, … revitaliser la solidarité et la fraternité, … complémenter l’Etat assistanciel par un Etat investisseur social, … développer l’économie verte et intégrer la problématique écologique, … moderniser la culture mais aussi culturiser la modernité, … bref, réhumaniser la société » ? Vaste programme ! aurait dit le Général de Gaulle. Tintin y arriverait peut être avec l’aide de nos deux Dupon(d)t !
Ces objectifs sont très louables mais pour mieux en évaluer la pertinence dans l’esprit de nos auteurs, il est intéressant d’examiner comment ils comptent les atteindre. Sur l’éducation qui est à la base de tout, il est très beau de vouloir « enseigner la compréhension humaine … et réformer la pensée dans le sens de la transdisciplinarité dans le cadre d’une pensée complexe au-delà de l’interdisciplinarité » mais ne peut-on pas aussi tout simplement et tout d’abord, se pencher sur la réforme de l’école, de ses méthodes d’enseignement et de ses contenus pour donner aux jeunes les points de référence fondamentaux en matière de comportement et de culture … ces points de référence que leurs enseignants se refusent à leur donner au nom de la sainte « auto-construction » de soi-même et que leurs parents eux-mêmes ignorent parce que depuis quarante ou cinquante ans, ils ont eux aussi eu l’esprit déformé par les lubies des « pédagogistes » de l’Education nationale .
Pour les autres objectifs, nos auteurs proposent de créer une infinité de « Conseils permanents ou Offices d’éthique, de lutte contre les inégalités, de la relation capital-travail, des transformations sociales et humaines, etc… ». Il est aussi recommandé de créer des « Maisons et un Service Civique de la fraternité ». La « polyréforme économique » préconisée fait la part belle à l’économie solidaire, à l’économie équitable, à l’économie verte mais s’aventure un peu en prônant la « réduction de la compétitivité tout en maintenant la concurrence et en jugulant la spéculation financière par un contrôle étroit des banques, la supervision vigilante des agences de notation, la suppression des paradis fiscaux , etc… ». Bref, on ne craint pas la contradiction dans la même phrase ni les mesures autoritaires qui risquent de dériver bien vite vers l’économie administrée et l’inefficacité économique qu’on a bien connues. On rêve aussi un peu en soutenant par exemple que grâce à la taxation, on pourra faire face à la compétition féroce des pays émergents et on ne se demande pas trop comment on pourra financer le nouvel Etat investisseur social à côté de l’Etat assistanciel (dont on reconnaît pourtant que « l’essentiel de ses acquis a été préservé malgré la crise » en dépit des turpitudes, des erreurs et de l’autisme social dont il est de bon ton d’affubler cette droite dont il faut par ailleurs, évidemment s’indigner qu’elle ait pu arriver au pouvoir ! … c’est à peine si on ne se demande pas de quel droit ? sommes-nous encore en démocratie ? croit-on lire entre les lignes ! ).
En fin de compte, il y a dans cet opuscule beaucoup de grandes et belles idées qui rappellent parfois nos penseurs utopistes du 19è siècle. Ce qu’on lui reproche en fait, c’est d’être beaucoup plus un prêche d’universitaires brillants reprenant les grands poncifs de la gauche humanitariste (politique de civilisation et droits de l’homme obligent) qu’un discours de mobilisation de la jeunesse et des forces vives qui permettrait à ces dernières de faire face au défi du « monde nouveau » par une action réfléchie et ordonnée. Il conviendrait de les mettre en garde contre les difficultés du combat qu’elles vont avoir à mener plutôt que d’idéaliser ce combat en ne parlant que d’objectifs sympathiques au risque de créer de cruelles désillusions si nos combattants ne mènent pas ce combat avec la fougue suffisante car les jeunes et les forces vives du reste du monde ne leur feront pas de cadeau, « en toute fraternité » (peut être) mais surtout « en toute concurrence » ! Nos auteurs en effet, s’adressent aux jeunes comme s’ils étaient seuls au monde alors qu’ils doivent se préparer à combattre pour leur survie et celle de leur propre civilisation avant de penser à une future civilisation mondiale.
Et on se demande vraiment où ils veulent nous conduire quand les auteurs concluent en parlant de « régénérescence à partir des quatre sources qui alimentent la gauche » (sic): la source libertaire, la source socialiste, la source communiste (pour sa fraternité communautaire précise-t-on !), la source écologique (c’est actuel !) ». Ainsi serait « fécondée une politique de l’humanité » où le « bien-vivre et le vouloir-vivre se nourriraient l’un l’autre ». On est donc bien au-delà de la politique de civilisation. Alléluïa !
Nos auteurs ont apparemment du mal à se débarrasser des archaïsmes idéologiques du XXè siècle dont ils ont été nourris et qu’ils ont contribué à déconstruire puis reconstruire (ou plutôt à replâtrer) avec leurs condisciples de Normale ou de l’Université et la bande d’Althusser qu’un des leurs après réflexion, appelait les « piètres penseurs ». Ils tournent en rond dans leur pensée complexe et découvrent enfin, l’échappatoire salvatrice de l’écologisme et de la prêtrise des droits de l’homme qui permet de faire la symbiose du penseur et de l’humanité souffrante à l’exemple des Prophètes. Ce qui vient d’être dit ne diminue en rien le respect qu’on doit aux personnes des auteurs pour leur comportement courageux pendant la guerre mais ceci n’implique pas qu’on doive s’enthousiasmer pour leurs agissements, pensées, lubies et discours d’après-guerre !
Pierre Rosanvallon aussi, y va de son couplet sur les intellectuels et l’avenir du monde dans Libération du 2 Décembre 2012 : "un intellectuel n'est pas un expert qui intervient à tout bout de champ dans les medias, c'est un producteur de boîte à outils pour la compréhension du monde" et il ajoute qu'il n'y a plus d'intellectuels de ce dernier type ! "Les Français vivent de plus en plus dans de petits mondes clos, rongés par la peur de voir leur homogénéité menacée" (Ernst Jünger l’avait déjà dit après la guerre quand il définissait le petit-bourgeois européen râleur, peureux devant l'avenir, incapable de grands sentiments, sensible aux choses de la nature et à une solidarité orientée mais capable de devenir un petit dictateur local, etc ... le portrait de nos modernes bobos ou écolos intransigeants ?).
Il prend l’exemple de François Hollande et de son gouvernement qui en fait, "n’ont pas de politique car elle manque de s'appuyer sur une vision générale". Leur vision dit-il, est "celle d'une social-démocratie comme réformisme traditionnel". Il affirme plus loin que "le problème est de savoir quoi faire, hors de la réaction ... ou d'une radicalisation réduisant l'idée du changement à un toujours plus". Bref, le chantre de la rêverie « auto-gestionnaire » des années 60, ne sait plus où donner de la tête pour trouver les solutions mais il continue de ratiociner sur les faits et leurs causes.
Et comme "grande idée structurante pour une vision entraînante de l'avenir", il propose "une politique de l'individu, reconnaître les singularités, une vision du commun, une économie durable " (….et là, on est loin des perspectives de Jünger qui voulait secouer le petit-bourgeois pour qu’il prenne enfin de la hauteur avec ses responsabilités d’homme !).
Bref, tout cela est beau, grand et généreux dans le virtuel comme l'étaient la "politique de civilisation" d'Edgar Morin et mieux encore, la "civilisation de l’humanité" du même Morin et de son complice indigné Stéphane Hessel ... mais tous ont du mal à expliquer comment faire concrètement !
Nos intellectuels en effet, ne pensent pas nécessairement faux quand ils restent dans la théorie mais comme le disait Simone Weil, ils restent souvent cois quand il s'agit de passer à l'action ... ou pire, ils se trompent quand par extraordinaire, ils se mêlent d'agir car comme tous les hommes, ils se laissent alors aller à leurs passions terrestres !
Et à l’appui de ce que disait plus haut Roland Barthes avec cependant un peu de coquetterie, sur l’inutilité des intellectuels, France Culture confirme le vide profond de la pensée française … à l’horizon du nombril de nos penseurs germano-pratins, dans "Les nouveaux chemins de la connaissance" du 14 Septembre 2012. Quelques profs ou quasi-profs d'université, socio-philosophes et directeurs de revues intellectuellement sinon politiquement engagées, parlent précisément de « l’engagement ». Celui-ci ne doit plus être "sartrien" (?) ni même "foucaldien" (la révolution est-elle bien nécessaire ?) mais plutôt fait d'actes de la vie individuelle ou collective de tous les jours (par exemple "refuser d'acheter les mauvais produits de l'agriculture intensive capitaliste", trier ses poubelles, etc ...).
Voilà de grandioses perspectives de pensée et d'action que l’on ramène au niveau du militantisme des ONG ou groupuscules écolo-anar à la façon José Bové !
On en arrive donc aux conclusions de Guy Debord (après ses décennies d'errance gauchiste) ou d'Ernst Jünger (« droitiste » ?) annonçant le règne du petit bourgeois peureux, égocentrique, égalitariste, incapable du moindre sentiment de grandeur, jaloux et revendicatif qu'est devenue la masse française.
Bref, après beaucoup de "bourdieuseries" et de poncifs sur les inégalités et sur "l'insoutenabilité" sociale et environnementale de notre mode de vie (des indignations tout hesseliennes !) et une référence à la "pensée complexe" d'Edgar Morin, on ne sait toujours pas comment sortir de l'enfer où nous vivons !
Tout cela est d'un nombrilisme exaspérant quand on compare notre "malheur" au "bonheur" des pauvres du tiers-monde !
Nos intellectuels ne progressent pas beaucoup dans l'intelligence du monde.
Le retour sur terre va être rude … laissons-les à leur « morale de troupeau » et remontons sur les hauteurs pour répondre aux défis du monde nouveau
Après ce petit voyage en irréalité, il nous faut revenir sur terre. La crise en effet, nous oblige à faire preuve de bon sens dans la définition de nos politiques publiques ce qui veut dire en particulier, s’écarter des tentations idéologiques mais aussi des rêveries bien-pensantes dont l’expérience a prouvé qu’elles ne nous conduisaient pas à penser grand mais la plupart du temps, à penser faux !
Pourquoi la crise, en effet ?Elle n’est pas due à un « complot capitaliste » ni même à la « voracité des banquiers » ou à la faillite de telle ou telle de nos institutions politiques, économiques, sociales ou financières ?
En fait, nous sommes tous responsables de la crise par notre laxisme d’Etat et notre gloutonnerie individuelle à crédit. L’exacerbation de l’individualisme et de l’esprit de jouissance ajoutée à la poussée d’un marketing ultra-médiatisé visant à la satisfaction la plus large et la plus immédiate possible des besoins et des lubies de chacun, ont engendré une volonté démente de consommation de biens marchands et de services sociaux que rien n’est venu freiner depuis que les psychologues et pédagogues nous enseignent que l’enfant doit se construire lui-même et que ses parents doivent éviter de brider ses pulsions par une éducation trop sévère qui « limiterait ses capacités créatrices et l’empêcherait de s’exprimer au risque de provoquer chez lui un traumatisme irrémédiable » ! Cela fait plusieurs générations que ce laxisme perdure et le gâchis est là !
C’est ainsi qu’il devient de plus en plus évident que la « gauche responsable » doit rompre d’urgence avec ses utopies, son discours économiquement inculte et sa fausse générosité (« le social d’abord ») ainsi que ses slogans primaires (« les riches paieront »).
La droite « libérale » de son côté, doit cesser d’accorder une importance démesurée à la motivation des investisseurs par les gains à court terme comme moteur de l’économie en oubliant la motivation sociale sans laquelle la machine à produire manquera bientôt d’oxygène.On doit évidemment célébrer l’entrepreneur qui crée, investit et organise avec les actionnaires et les salariés de son entreprise mais on ne peut pas aimer ni laisser faire le « manager appointé » qui, perdant le contact avec les réalités fondamentales de l’activité humaine, est soudain frappé d’égotisme absolu et, abusant ses actionnaires comme ses salariés, malmène l’entreprise qui lui a été confiée.
La réalité économique comme toujours, échappe aux théoriciens. Elle n’obéit pas en tout cas, aux vulgates marxisantes ni à la « friedmanienne » ni à la nouvelle religion des bons sentiments et de la bien-pensance bobo !
Rêve et sensibilité peuvent guider le cœur de l’homme d’action à condition de ne pas les confondre avec utopie et sensiblerie. Belles âmes et grands esprits, n’oubliez pas que « l’action, ce sont des hommes au milieu des circonstances » et pour cela, De Gaulle conseillait d’aller sur les hauteurs pour éviter de se perdre dans les fausses profondeurs des discours confus !
Enfin et surtout, au-delà de la crise actuelle qui passera, de l’obsession du service public en France, de l’obsession de la monnaie en Allemagne, de la frénésie libéralisante en Angleterre et de l’écologisme généralisé, il faut bien comprendre que le tiers-monde est maintenant, entré dans la compétition en tant que producteur et consommateur ce qui ne manquera pas de perturber profondément les équilibres socio-économiques et écologiques du monde. C’est le phénomène primordial qui dominera le siècle et on comprend bien que, dans ces conditions, le refus du changement dans nos modes de consommation, nos façons de travailler, nos lieux de travail ou d’habitat, nos statuts et nos droits « acquis », nos métiers et nos secteurs d’activités, etc… est tout simplement suicidaire ! Il faudra chercher, trouver et s’adapter pour vivre, sans doute aussi bien, probablement mieux mais à coup sûr, autrement … vivons-nous d’ailleurs comme nos parents ou grands parent vivaient ? Alors ?
Alors, les récriminations de nos bien-pensants, leurs indignations sélectives, leurs soudaines passions catégorielles et leurs propositions de « civilisation du care ou du bien-vivre » paraissent fort sympathiques et pleines de bonnes intentions mais tellement hors de propos face à l’ampleur du changement du monde et aux besoins des milliards de vrais pauvres qui nous entourent !
On aimerait donc que nos intellectuels continuent de consacrer leur vie à penser, et à ratiociner si bon leur semble. Qu’ils ouvrent de nouvelles voies à l’art, à la littérature, à la poésie et à la philosophie comme l’ont fait certains de ceux que nous avons cités plus haut. Ils aident en cela les hommes à se sublimer et ne font de mal à personne ! Mais de grâce, qu’ils s’abstiennent de s’occuper de politique et qu’ils évitent ce sujet dans les medias … même si on leur demande leur opinion.
Ce faisant, ils ont été calamiteux qu’il s’agisse des socialistes qui ont viré au communisme ou au fascisme avant la guerre, qu’il s’agisse des « compagnons de route » ou des grands élucubrateurs « révolutionnaires » d’après-guerre, de Sartre à Billancourt, Althusser à Normale, Foucault à Vincennes (la révolution ne serait plus nécessaire chez nous mais salutaire dans l’Iran de Khomeini !), en passant par les maoïstes mondains à la Sollers et les jeunes bourgeois soixante-huitards de Nanterre ou de la Sorbonne, sans parler des politiciens égarés par l’inconscience, la vanité ou l’envie comme Mendès-France et Mitterand lors de leur pantalonnade de Charléty en 1968 et en oubliant les « saltimbanques », permanents ou intermittents du spectacle, qui trouvent toujours plus chic de faire allégeance au gauchisme … et tant d’autres faussaires qui croyaient avoir une pensée politique et n’avaient en fait, que des idées farfelues.
Ils ont entraîné des millions de jeunes gens dans leurs erreurs, parfois jusqu’au crime au nom d’idéologies fumeuses et de révolutions ratées … et cela sans même s’en excuser parce qu’ils l’ont fait, ont-ils dit, pour ce qu’ils croyaient être la bonne cause ! Non seulement ils se sont trompés mais ils se sont aussi montrés hypocrites et intellectuellement malhonnêtes !
Simone Weil si elle les avait connus et malgré sa propension au pardon qui élève l’âme, aurait sans doute conclu qu’ils ont été plutôt aspirés par la pesanteur que sublimés par la grâce,généralement plus brillants dans le discours que dans l’action ! Evoquant les contradictions de l’homme, avec sa part divine et sa part étrangère à Dieu, elle disait : « …. améliorez le sort matériel du peuple et vous risquez d’altérer son âme, dévouez-vous entièrement à quelqu’un et vous cessez d’exister pour lui, etc …. Seul le bien imaginaire ne comporte pas de contradiction : …. le réformateur social qui rêve le bonheur du peuple ne se heurte à aucun obstacle tant qu’il ne passe pas à l’action ; il vogue à pleines voiles dans un bien pur mais fictif ; le choc contre l’écueil est le signal du réveil … ».
Nous y sommes ! Nous avons pratiquement réussi à créer une société à classe unique moyennement enrichie dont l’âme est effectivement altérée par la peur de perdre ses acquis et que ses penseurs et faiseurs d’opinion entretiennent dans la rêverie d’un droit au bonheur sans effort et sans responsabilité … et nous voilà sur l’écueil ! Il faut en effet, se réveiller !
Nietzsche aussi nous conviait à lâcher cette « morale de troupeau » qui conduit l’homme à sa chute et la société à la décadence.
Reconnaissons cependant à nos faux ou plutôt à nos « piètres penseurs » comme les qualifiait ironiquement l’un des leurs après sa dissidence de Normale Sup, d’avoir été les pères fondateurs de la nouvelle doxa bien-pensante dont les sectateurs constituent maintenant une immense cohorte, celle des « obsédés des droits à … », des défenseurs des minorités de toute sorte, des grandes âmes de la gauche enseignante et judiciaire, des bobos « people » et journalistes vulgarisateurs, etc…
Leur immense succès est d’avoir réussi à « libérer » notre jeunesse c'est-à-dire à la déboussoler et à la paumer ! … désarroi, morosité, inconsistance de la pensée et incontinence des appétits règnent sur notre nouvelle société de petit-bourgeois nouvellement enrichis !Deux générations maintenant, ont été imprégnées de leurs discours débilitants que reflètent les sondages mesurant le degré de confiance en soi, d’espoir en l’avenir et d’esprit de combat de nos jeunes et de leurs parents au point que selon les derniers sondages, les trois quarts des jeunes français en 2012, tenaient la fonction publique pour l’horizon indépassable de leurs ambitions professionnelles ! Nos sophistes ont réussi la dé-construction ! … et maintenant quoi ?
Il serait donc temps de revenir aux réalités et de ne plus s’abîmer dans l’apitoiement permanent en mêlant bons sentiments et politique, compassion pour le malheur de quelques-uns et développement de la société dans son ensemble. Il y a en effet, d’un côté, les intérêts supérieurs d’une société, d’un pays, d’une nation ou d’un continent ( l’Europe parbleu !) et de l’autre, des cas spécifiques que l’on doit certes, traiter du mieux possible mais qui ne sauraient justifier qu’on fasse prévaloir le particulier sur l’intérêt général au risque de compromettre le devenir de l’ensemble. L’Europe a un combat difficile à mener face aux autres puissances et au monde en développement qui nous bouscule et ce n’est pas de la complainte des malheurs particuliers qu’on fera le bonheur et l’avenir de nos peuples.
Revenir sur terre devient vital car notre petit bourgeois européen est en danger. Il est en train de s’éveiller de la rêverie dans laquelle nos hypnotiseurs l’avaient plongé. Il commence à prendre conscience que nos prophètes des cinquante dernières années lui ont menti et qu’il va devoir très vite c'est-à-dire à l’échelle de la génération actuelle, se secouer, faire preuve de créativité et s’adapter face à la compétition des autres peuples du monde. C’est donc un crime contre l’esprit que de continuer à tromper les jeunes en les encourageant au conservatisme social et au maternage « assistantialiste » comme s’évertuent à le faire nos modernes sophistes que l’intelligence du monde n’a toujours pas éclairés, relayés par les politiciens du laisser-faire qui préfèrent le confort immédiat du laxisme social aux exigences à plus long terme de l’effort individuel et national.
Que se trompent les « penseurs », philosophes, économistes, sociologues, hommes de bien ou mondains … « Errare humanum est » … mais c’est le diable lorsque les journalistes s’en mêlent car alors, c’est le peuple tout entier qu’on égare !
Peu importent par exemple les imprudences du professeur Robert Fogel, malheureux universitaire américain et Prix Nobel d’économie dont le hasard veut qu’on le prenne ici en exemple et ceci de façon très arbitraire, alors que tant d’autres auraient pu être cités à sa place.Il s’est distingué aux Rencontres du Cercle des Economistes d’Aix en Provence de Juillet 2009 en pronostiquant pour la Chine, un PIB de plus de 120.000 milliards de dollars en l’an 2040 (et qui plus est, en partant d’une base calculée en parité de pouvoir d’achat !) plus encore que ne donne la bête extrapolation du taux de croissance chinois des dernières années à supposer que ce dernier taux soit tenable par la Chine pendant encore trente ans ! Même les Prix Nobel ont le droit de dire n’importe quoi et d’oublier certains paramètres politiques, sociaux et environnementaux du développement qui risquent fort de contrarier leurs calculs d’économie mathématique !
Les économistes donc, sont très capables d’énoncer dans leur domaine de compétence, des bourdes aussi grosses que les contre-sens conceptuels de nos intellectuels les plus en vue !
Les économistes en effet, se laissent trop souvent emporter par leur confiance en leurs modèles alors que ces derniers ne peuvent prendre en compte tous les paramètres, en particulier les non-mesurables. Etant aussi par ailleurs, des « animaux politiques penchant plutôt d’un côté que de l’autre », ils laissent souvent leur subconscient interpréter voire déformer la réalité socio-économique pour justifier comme par hasard et toujours très rationnellement, leurs préférences idéologiques ou leurs dadas aux dépens du simple bon sens.
Les sociologues, anthropologues, socio-économistes de leur côté, n’ont pas de « modèles » aussi sophistiqués et peuvent ratiociner sans beaucoup de risque. Généralement universitaires ou « chercheurs à vie », ils se limitent prudemment, à couper les cheveux en quatre à l’occasion d’analyses aussi savantes que confuses sans jamais vraiment fouiller les solutions pour l’action comme on le voit dans leurs cours magistraux, études, colloques, symposiums et forums ! On a eu droit à un véritable festival à cet égard en Novembre 2006 où l’IEDES, Institut d’Etude du Développement Economique et Social de Paris I avait convié les sommités de l’Université, de l’EHESS, des Ecoles d’Economie et divers penseurs internationaux du développement à débattre : ils ont beaucoup discouru sur la problématique du développement mais rien dit sur les solutions pratiques ! Il est en effet, beaucoup plus difficile de concevoir et mettre en œuvre ces dernières que d’énoncer doctement des exégèses sans risque (sauf de pinaillage intellectuel !) sur les causes possibles du sous-développement !
Quant aux philosophes, penseurs de la société ou simplement « honnêtes hommes cultivés », ils parlent et donnent leur opinion, en connaissant (parfois) ou ne connaissant pas (souvent) les sujets dont ils parlent, mais presque toujours en modulant leur discours pour le rendre compatible avec leurs penchants passionnels ou intellectuels voire leurs obsessions idéologiques. C’est humain et pardonnable mais cela peut nous emmener très loin de la réalité ou du sens commun !
Peu importent en fait, ces élucubrations qui ne portent à conséquence que dans le cercle restreint de leurs admirateurs mais cela peut devenir grave quand les journalistes commencent à battre le tambour pour se faire les porte-parole de ces intellectuels et répandre leurs inconséquences !
Les journalistes et leur media en effet, cherchent toujours à se placer dans le sens du vent le plus porteur pour répandre la bonne mais de préférence la mauvaise nouvelle, celle qui attire le plus l’attention du lecteur, de l’auditeur ou du téléspectateur.
Parmi ces media, il y a les « bien-pensants donc modernes et corrects »(en France, Le Monde, le Nouvel Observateur, Libération, Canal + et malheureusement, une grande partie du « service public » en particulier France Inter, France Culture, Radio France Internationale, Arte et France 3). Cela fait beaucoup dans cette catégorie ! Ils semblent se faire un devoir d’abreuver leurs lecteurs ou auditeurs de mauvaises nouvelles, de doutes et de suspicions. Ils leur remâchent les grands poncifs politiquement ou socialement corrects en prenant bien soin de se retrancher derrière leurs « experts » et relativisent toujours les bonnes nouvelles dans un sens dubitatif, systématiquement critique voire négatif. Le comble est atteint lorsqu’ils mettent leurs « amuseurs » en première ligne et cultivent la dérision pour mieux décrédibiliser ce qui pourrait être incorrectement positif car ce qui est positif est naturellement incorrect ! Ainsi se referme le cercle vicieux de la morosité, de la complainte permanente et du « no future ».
L’audiovisuel public français n’hésite pas à porter l’oriflamme des avant-gardes médiatiques bien-pensantes, en se faisant la caricature de l’esprit français qui serait toujours prompt à la critique systématique plutôt qu’à la construction au long cours. Il semble ainsi se donner pour mission d’entretenir la morosité des masses en gémissant sur le côté négatif des choses et ânonnant la complainte du politiquement correct, amollissant ainsi le caractère du peuple par un service complet de « cocooning » au lieu de le bousculer pour qu’il se remue et se sorte des mauvais pas où le plongent les soubresauts de l’évolution du monde. Ce serait assurément d’une plus haute conception du « service public » que ses journalistes évoquent pourtant sans cesse comme s’ils étaient les gardiens du temple. Cela ne les empêche pas d’ailleurs de faire la grève dudit service et à jouer les vierges effarouchées dès qu’ils estiment qu’on attente à leur « dignité » qu’ils confondent en général avec leurs émotions politiques ou plus bêtement avec leur « statut » ! Contradiction inhérente à leur état de fonctionnaire ou à leur penser-faux de gauche ?
Leur bien-pensance et leur acception très conventionnelle des magnifiques idéaux confisqués par la gauche utopique, chrétienne ou marxisante, leur font toujours confondre par exemple, patriotisme et nationalisme, autorité de l’Etat et « fascisme », bonne santé des entreprises et exploitation de l’homme par l’homme, écart de rémunération et injustice sociale, contrôle des flux migratoires et xénophobie, punition des délinquants et justice de classe, sanctions scolaires voire simple notation des élèves et persécution des enfants, idem doublée d’injustice pour la sélection à l’école et à l’université, etc …, etc…
Seuls à jouer les "mal-pensants", les journalistes de Valeurs Actuelles et du Figaro se sentent bien seuls... c'est peu face à la marée des journalistes bien-pensants mais cela semble assez normal puisque les sondages effectués pendant la période électorale 2012 avaient tous clairement indiqué que 80 % des jeunes étudiants de nos écoles de journalisme avaient "bien" voté !
Ces journalistes-là néanmoins s’efforcent de faire leur travail honnêtement en prenant le recul indispensable et dans la tourmente, de relativiser les mauvaises nouvelles et de faire la part des évènements positifs, de mettre en évidence les dynamiques qui nous permettraient de sortir de la crise en agissant en tant que personnes ou entités responsables et de reprendre confiance en nous-mêmes. Remercions-les de leurs efforts et déplorons le gaspillage que font les medias bien-pensants de l’intelligence et de l’énergie de leurs journalistes sans profit pour quiconque … sauf à coup sûr, pour l’ego desdits journalistes.
De la même manière qu’un intellectuel n’a pas forcément l’intelligence du monde, un journaliste n’est pas nécessairement exaspérant mais il l’est beaucoup trop souvent !
Obsédé par la recherche du « scoop », de l’audience ou de la notoriété, le journaliste moyen ne peut s’empêcher de grossir outrageusement l’importance de quelques détails aguicheurs aux dépens d’une honnête mise en perspective de la situation d’ensemble. C’est un défaut il est vrai, très répandu dans l’internationale journalistique quand ou voit la façon dont sont maintenant traités les Présidents Obama et Sarkozy ou la Chancelière Angela Merkel qui étaient autrefois encensés comme les faiseurs d’un nouveau monde (Angela Merkel était même devenue la « mutti » de l’Europe et Barack Obama le symbole du métissage culturel et de l’amour universel des races et des peuples !). Malgré l’adversité, ils ont mené chacun dans leur pays, des réformes fondamentales mais « l’opinion médiatique », soudainement décérébrée, oublie qu’il y a eu une crise grave et se met à piailler pour leur reprocher de ne pas avoir encore rétabli le plein emploi, augmenté le pouvoir d’achat (en supprimant les bonus sans doute !), ni résolu les problèmes de la guerre et de la paix dans le monde ! C’est consternant !
C’est maintenant au tour de ce « pauvre Hollande » de voir ridiculiser son incapacité à décider et ses bourdes politiques multiples par les mêmes journalistes tourne-veste qui pendant la campagne électorale de 2012, ne trouvaient plus de mots assez forts pour louer les grandioses perspectives qu’il nous traçait de l’avenir du pays !
Les journalistes et amuseurs du service public, France 3 et France Inter tout spécialement, se distinguent dans cette comédie de l’information concurrençant ainsi les habituels commentateurs bien-pensants de Marianne, du Nouvel Observateur, du Monde, de Libération et des journaux internet. Ah ! les « Zorro » de Mediapart prenant le relais de nos célèbres juges-justicier(e)s, sectateurs de la nouvelle religion de la transparence et nouveaux « inquisiteurs » qui se refusent dans les affaires dont ils s’occupent, à prendre en compte d’autres impératifs nationaux ou sociaux de beaucoup plus d’importance que les interprétations qu’ils font de la règle de droit !
Ils ont pour la plupart été élevés au lait de la même bien-pensance à Sciences Po ou dans leurs écoles de journalisme et sont totalement interchangeables, passant d’un media à l’autre sans pour cela faire une quelconque violence à leur conscience puisqu’il sont tous plus ou moins du même bord politique et de la même sensibilité « sociale et humaniste ». Ainsi Nicolas Demorand par exemple, n’aboie plus sur France Inter mais articule maintenant dans Libération alors que le relais de la bien-pensance a été pris sur France Inter par le très marivaudant duo Patrick Cohen-Pascale Clark sans que cela change quoi que ce soit à la « boboisation » gauche correcte de la ligne éditoriale de l’ancienne « radio Jospin » maintenant devenue quasi-institutionnellement « radio-PS rénové » …
Et pourquoi donc cette prolifération d’amuseurs pas toujours très subtils ? Pour faire « moderne » à la façon Canal Plus et tenir en haleine un public qui s’ennuie ? Un auditeur appelant au téléphone, félicitait l’antenne pour « son insolence » : on aimerait plutôt la louer pour « son attitude critique et constructive » ! France Inter s’affirme donc bien comme le reflet de notre société peu sûre d’elle-même et agressive, le propagandiste de cette « morale de troupeau » comme la qualifiait Nietzsche, qui préfère se réfugier dans la criticaillerie et la dérision au lieu d’affronter les problèmes en cherchant des « solutions » avec ses invités ou « experts ». On se demande d’ailleurs pourquoi ces derniers cherchent à se dédouaner à gauche (puisqu’ils en sont le plus souvent !) en faisant assaut de bien-pensance pour le gogo et en critiquant systématiquement ceux qui, contrairement à eux, sont dans l’action et non dans le verbeux ? Est-ce dû à la sélection des invités de la station ou est-ce l’esprit du temps qui veut que nos intellectuels, commentateurs, personnalités « people » ou du show-business doivent se revendiquer politiquement corrects pour continuer d’exister ?
Que Libération soit un media militant ou que Mediapart veuille jouer les justiciers en eaux troubles, c'est leur droit mais que les radios et télévisions du service public participent directement à cette escroquerie médiatique aboutissant à biaiser l’information voire à désinformer le public, est parfaitement intolérable ! Le service public est fait pour informer le public des évènements du monde, il n’est pas fait pour étaler les émotions, désarrois ou opinions des journalistes dudit service public et encore moins pour faire de la propagande politique en faveur de tel ou tel personnage ou pour faire passer telle ou telle idée ou opinion.
Arte par exemple, chaîne de télévision franco-allemande du service public, vient de faire la démonstration que cette « malhonnêteté » journalistique n’est pas spécifiquement française mais bien internationale, dans une intéressante émission intitulée « Looking for Nicolas Sarkozy », regard de la presse étrangère sur le quinquennat du Président français (21 Décembre 2011). Des réactions très (trop) homogènes de journalistes de tendance libérale (au sens américain) qui s’appesantissent sur quelques erreurs de communication « peopolisantes » ou politiquement incorrectes du Président. Ils n’évoquent en revanche qu’au détour de ces critiques ressassées en boucle, la gestion de la crise de 2008, la crise russo-géorgienne, l’intervention en Libye, la construction progressive du noyau dur de la nouvelle Europe avec l’Allemagne ou les réformes permettant la remise en ordre de nos finances publiques comme si c’était là des détails sans importance ! … et ces journalistes bien-pensants anglais, américains, allemands, italiens, espagnols, israéliens, russes ou suisses, d’accuser le Président d’incohérence, de mépris pour les français, d’omniprésence médiatique, de fait du Prince et de préférence pour le discours aux dépens des réalisations !
On reste confondu devant tant de légèreté et d’inéquité voire de contre-vérité dans les jugements, d’exagération grossière dans la critique du comportement d’un homme il est vrai hors normes, et surtout d’incompréhension du fait politique français et du fonctionnement des institutions en France. A croire qu’Arte avait demandé au Parti Socialiste de sélectionner sa brochette de journalistes et que ces derniers faisaient partie de l’équipe de campagne du candidat Hollande aux élections présidentielles de 2012 !
Cette comédie a-déontologique aura au moins permis de vérifier que « le service public de l’information » n’est pas simplement indépendant du pouvoir mais qu’il n’hésite pas à violer allègrement les principes de neutralité et d’impartialité qui devraient le régir, en affichant franchement ses préférences politiques et idéologiques et son hostilité à ce pouvoir . De vérifier encore, à moins que cette émission n’ait été volontairement conçue et organisée par la chaîne comme une émission de propagande en faveur du candidat de l’opposition, que les journalistes étrangers souffrent des mêmes défauts professionnels que leurs confrères français.
Journalistes et commentateurs de tous les pays, ne vous jalousez pas ! votre information souvent bâclée, vos approximations et vos erreurs de jugement sont internationales ! Ils souffrent tous en effet, du même phénomène de massification, grégarisation et finalement de « médiocrisation » des réflexes, du sentiment et de la pensée, fondus en une même mélasse bien-pensante de fond de chaudron marxisant et chrétien-social.
Un autre exemple de « correctitude » voire même de distorsion volontaire dans la relation des faits, nous est fourni par une émission du dimanche 9 septembre 2012 sur France Inter, au tout début donc de la campagne présidentielle. Le journaliste frétillait littéralement à l'idée de recevoir dans son émission, Joseph Stiglitz, prix Nobel, ex-Banque Mondiale, considéré comme "de gauche" par les milieux français bien-pensants. D'entrée, il cherche à lui faire dire qu'en France, c'est l'horreur économique, les inégalités croissantes et l'abomination des marchés !
Stiglitz est "liberal" américain et non pas socialiste. Il n'est pas non plus complètement idiot et n'entre pas dans le jeu du journaliste bien imprégné de la vulgate gauchisante.Il rappelle qu'il ne s'agit pas de condamner et encore moins de supprimer ces "marchés" mais de mieux les réguler et surtout de choisir des gouvernants suffisamment intelligents pour en corriger les défauts sans en casser la dynamique de progrès.
Le journaliste croit reprendre la main lorsque Stiglitz parle du malheur de ces millions d'américains qui doivent abandonner leur maison hypothéquée auprès des "monstres" bancaires (en oubliant toutefois de préciser que c'est avec l'argent des banques que nos gogos ont acheté leur maison). Hélas, Stiglitz précise que la situation sociale en France n'a rien à voir avec celle des Etats Unis : en France, dit-il, vous bénéficiez d'un système très sophistiqué (trop lourd certainement mais il existe) de protection sociale et de redistribution des riches vers les pauvres qui n'existe pas aux Etats-Unis et nulle part ailleurs sauf (mais en plus dynamique) dans quelques pays scandinaves. Vous n'avez vraiment pas à vous plaindre à cet égard ! ajoute-t-il.
Allons, Monsieur le journaliste, n'essayez pas de tromper le monde en répandant vos fantasmes ... ou pire encore en faisant de ladésinformation voire une propagande très primaire sur une radio du service public qui devrait rester neutre politiquement.
Si vous voulez parler d'égalité et de démocratie, arrêtons de penser faux et disons les choses telles qu'elles sont : personne n'a été, n'est et ne sera égal à l'autre ! Le vouloir c'est rêver ou tenter de créer "l'homme nouveau" mais on n'a pas nécessairement envie de revivre les grands échecs communistes ni ses catastrophes humaines. Quant à la démocratie, elle permet justement au peuple d'élire des dirigeants capables de rétablir les équilibres économiques et sociaux lorsqu'ils sont perturbés et d'engendrer un progrès juste et durable. S'ils ne le font pas, c'est qu'ils sont mauvais et que le peuple a mal choisi ! Changeons de gouvernants à défaut de changer le peuple !
Pour en finir avec France Inter, disons que quelle que soit l’heure, l’antenne est invariablement monopolisée par les thuriféraires inconsciemment ou délibérément orientés d’une bien-pensance bien rôdée, bobo, écolo qui se veut « moderne », un peu à la façon de Canal +.
Ce sont par exemple, l’émission du matin de la bonne conscience de Patrick Cohen (un peu plus supportable toutefois que les grognements de l’inénarrable Nicolas Demorand il y a quelque temps !) suivie du 9-10 de Pascale Clark, horripilante de mondanité bobo, avec la bande de leurs « comiques » à l’humour parfois drôle mais le plus souvent assez lourdingue et malgré cela, toujours superficiel mais très « bien orienté ». Il y a souvent faute de goût et presque toujours faute de fond !
La palme de l’émission la plus ringarde par son style post-soixante-huitard attardé, revient sans conteste à l’émission de 3 heures de l’après-midi, intitulée « Là-bas si j’y suis ! » dont le titre dénote déjà la vulgarité. Une espèce de « beauf » de gauche se voulant spirituel, genre agresseur de bonnes sœurs, s’y fait l’avocat des opprimés. Groupie du politiquement correct des années soixante ou soixante-dix, admirateur naturel des indignations façon Jean Ferrat, Georges Brassens et toutes les vieilles gloires du socio-gauchisme de l’époque. Bref, son credo et son discours tourne autour de la détestation des riches, des entrepreneurs, des profiteurs et des salauds d’un pouvoir corrompu ! …. Un peu court et lassant dans la mesure où il s’agit là de l’ordinaire basique de France Inter ânonné avec plus ou moins d’élégance selon les émissions !
Non, ils ne sont pas tous mauvais mais il faut être très attentif pour les repérer dans la foule des médiocres !
En dehors des journalistes « mal-pensants » auxquels on a déjà rendu hommage, certains journalistes, lorsqu’ils sont un peu trop menés en bateau ou excédés par la bêtise ou l’incompétence de ceux qu’ils avaient au départ tendance à soutenir voire même à glorifier, ont le courage de changer et de ne plus s’abîmer dans la bien-pensance partisane. P.A. Delhommais par exemple, est l’un d’eux. Il écrivait dans Le Monde. Je l'appréciais mais je me méfiais un peu de P.A. Delhommais puisque Le Monde, à côté de Libération et de quelques magazines (Le Nouvel Observateur, Marianne, ...), s'était institué journal de référence de la bien-pensance sociétale et du penser-faux économique et social !
J'avais tort car P.A. Delhommais s’est déchaîné dans Le Point il y a quelque temps, à propos de l'aboulie de F. Hollande et des contre-sens de la gauche au pouvoir en contrepoint de l'activisme courageux d'un Mario Monti en Italie. Il conclut : "on ose à peine imaginer l'émoi horrifié qui s'emparerait de toute la gauche française, le chagrin et la déception d'un Edgar Morin si la politique économique du gouvernement Ayrault venait à susciter les commentaires élogieux du FMI et de Mme Merkel, autant dire le diable libéral à deux têtes ... la France de M. Hollande reste pour l'instant bien engagée sur la voie, pas nouvelle malheureusement, qui mène au déclin économique et au désastre financier". Il rejoint ainsi Nicolas Baverez qui sonne l'alarme depuis longtemps. Abstenons-nous cependant de parler de déclin car quand la France se sera réveillée, elle sera naturellement amenée à reprendre avec l’Allemagne le flambeau de la construction de l’Europe du 21è siècle. C’est une question de survie, espérons que cela soit bientôt !
Nous attendons tous en effet, que François Hollande se réveille et éclaire son gouvernement, tâche difficile compte tenu du poids des égarements bien-pensants dans lesquels ils ont tous grandi, et à voir la mine renfrognée voire butée des principaux ministres Ayrault, Moscovici, Peillon, Taubira ou Duflot. Seul Manuel Valls semble avoir trouvé un peu de lumière, ... il cherche probablement dans une autre direction que les autres !
… simplement, la plupart des journalistes ne prennent pas le recul suffisant pour comprendre et juger sans pour cela se priver de parler ou écrire à tort et à travers
Quoi qu’il en soit de ces rares exceptions de lucidité, nos journaleux promoteurs de la morosité et de la désespérance publiques ou spécialistes des remuements nauséabonds (ils aimeraient tant « se payer un ministre » !), continuent pour certains de croire avec une morgue et une insolence grotesques mais très étudiées, qu’ils « sont » l’opinion alors qu’il n’en sont que le vent … et pour les autres de se comporter au mépris de la déontologie la plus élémentaire, comme des militants ou propagandistes d’idéologies fumeuses ou d’intérêts politiques, sociaux, sociétaux ou associatifs particuliers. Au lieu de s’employer à enfler les évènements par une démagogie facile ou une théatralisation bien dosée, il serait plus honnête de leur part et plus utile au pays, qu’ils prennent le recul nécessaire pour montrer au peuple le fond des dossiers plutôt que leur écume.
Il n’y a pas et il ne doit pas exister de quatrième pouvoir dans une démocratie, pas plus celui de la rue que celui des journalistes !
Les journalistes cependant, ont un grand pouvoir d’amplification des phénomènes. Ils sont la caisse de résonance des évènements quotidiens aussi minimes soient-ils comme des idées aussi farfelues soient-elles. Leur rôle devrait être de remettre les choses en perspective mais ils le font rarement en première page et ils préfèrent affoler le monde ce qui leur amène plus de lecteurs ou d’auditeurs.
On vu par exemple, avec quelle rapidité est montée la panique du mois d’Avril 2010 à propos de la « grippe mexicaine » qui devait ravager le monde ! Cette fois, le gouvernement s’est précipité et a évité l’erreur de la « canicule de 2003 » où il n’avait pas suffisamment pris en compte les frayeurs de nos « petits-bourgeois fragiles » donnant ainsi aux media et à l’opposition d’alors, l’occasion de délirer sur le maternage des peuples et en l’occurrence sur celui des vieux et des « urgentistes » débordés !
De même le bruit médiatique fait autour du film « terrific » d’Al Gore sur la prochaine ( ?) catastrophe climatique, suivi des belles images d’auto-promotion télévisuelle de Nicolas Hulot et de la masse ennuyeuse des non moins belles photos de Yann Arthus-Bertrand, à tel point que la tendance « bobo » fit un triomphe aux candidats écologistes des dernières élections européennes. Eva Joly, ancien juge-justicier et candidate « écolo » à l’élection présidentielle, est à cette occasion devenue député européen et Présidente de la Commission chargée de l’aide au développement au Parlement Européen où on aimerait qu’elle s’occupe plus activement des vrais pauvres du tiers-monde que des militants Verts qui lui font beaucoup de misères !
Il est bon de parler du réchauffement climatique, nouvelle peur millénariste, mais parlons des solutions plutôt que d’affoler le peuple ! C’est plus technique et moins facile mais ce serait plus utile à « la cause ». Et en cela, restons vigilants et veillons à ce que les défenseurs de ladite « cause » n’y mêlent pas d’autres objectifs d’ordre politique ou idéologique qui n’ont rien à voir avec le développement durable et la préservation des qualités et des potentialités de l’environnement : en effet, lorsqu’on pense à certains énergumènes qui se réclament de l’écologie après avoir fait leurs classes dans « la révolution » déjà petite-bourgeoise et pré-bobo de 68, lorsqu’on entend les jeunes pousses écolo se revendiquer d’une quantité incroyable de billevesées économiques et sociales gauchisantes, que d’autres s’essaient à une fumeuse synthèse altermondialiste du marxisme et de l’écologie et que tous font preuve d’un malthusianisme et d’une rigidité très sectaires sur ce qu’il convient de faire, l’idée vous vient que la dictature de l’écologisme pourrait faire autant de dégâts au monde qu’en a fait la dictature du prolétariat … et tout ceci bien entendu, pour le bonheur de l’humanité dont les théoriciens de la socio-économie s’échinent, après l’IDH (indicateur du développement humain), à inventer les meilleurs « indicateurs » (ah ! mesurer le bonheur !).
Devant les errements de la pensée socio-économique et le manque de jugement des media, on comprend que « La Crise », dernier en date des soubresauts de l’évolution du monde, ait surpris le consommateur et ses financiers en pleine euphorie de goinfrerie effrénée (et ceci à crédit !! ) et qu’elle ait fait l’objet d’une telle résonance et d’une telle amplification.
A l’origine de la crise, une véritable folie s’est emparée de l’esprit des gens : chacun à tous les niveaux de revenus, s’est gonflé de crédits pour acheter toujours plus sans pour cela, gagner plus ni travailler plus … et la bulle a éclaté !
Les media qui auparavant avaient ardemment poussé à la consommation puisque c’est la loi du monde du marketing et de la « pub », se sont laissé aller, la crise venue, à radoter sur les mêmes « plans sociaux » de quelques dizaines, centaines et parfois quelques milliers d’emplois. A force de ressasser les problèmes de licenciement, ils laissaient ainsi filtrer l’impression que chacun risquait de perdre son emploi. Et en ne parlant jamais d’embauche, ils laissaient accroire qu’il n’y avait plus de travail ni d’espoir alors que près de 10.000 personnes changent d’emploi chaque jour en France comme en Allemagne, en Angleterre ou en Italie et que le nombre d’emplois qui ne trouvent pas preneur, se compte par centaines de milliers … mais ces emplois semble-t-il, ne sont pas du niveau de nos jeunes gens trop ou mal diplômés !
Ce manque de recul et de sens des proportions dans l’exposé des choses par rapport aux réalités sociales et économiques, dénote un regrettable manque de rigueur professionnelle parfois dû au manque de temps pour la vérification et la mise en perspective (il s’agit alors d’une annonce imprudente) mais trop souvent explicable par la fausse évidence d’une bien-pensance incontournable ou la simple mauvaise foi, l’une servant l’autre (il s’agit alors de mauvaise information, de biais politique ou même de désinformation de nature à créer, volontairement ou non, l’angoisse et le malaise social). On peut l’accepter de la part des journaux d’opinion ou de propagande mais c’est inacceptable de la part des journaux dits de référence et plus encore du « service public de l’audiovisuel »…. car on attend de leurs journalistes qu’ils nous donnent une information remise en perspective sans commentaire, mimique, interjection ou réflexion qui trahisse leur opinion ou leurs préférences personnelles ou institutionnelles dont on n’a que faire.
C’est vrai que la crise est bien là mais l’affolement heureusement, commence à s’estomper et on ne peut pas dire que les journalistes y auront beaucoup aidé ! Encore une fois, ils auront parlé ou écrit trop vite sans prendre le recul nécessaire pour valider leur « information » ni surtout tracer des perspectives plus amples pour relativiser nos malheurs et nous redonner un peu d’espérance, contribuant de la sorte à la rupture de confiance et à la panique comme ils l’ont aussi fait pour le changement climatique et pour la grippe ! Ces mêmes journalistes qui, poussés par le vent dominant d’une agitation grégaire et leur obsession d’une communication frénétique, réclament qu’on « régule » les banquiers, les industriels ou les médecins … mais pouvons-nous leur faire confiance à eux ? Leur système d’auto-régulation personnelle et professionnelle a beaucoup trop de ratés !
L’affolement en effet, laisse la place à une certaine stabilisation de l’économie européenne et des finances des Etats de l’Eurogroupe suite à la mise en œuvre du Traité de Stabilisation, Coordination et Gouvernance mis au point par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel en Novembre 2011 et conclu en Mars 2012 puis à la décision de la Banque Centrale de Mario Draghi, de faire face à tout besoin de financement qui mettrait en péril la monnaie commune.
Il reste maintenant à achever le travail en rétablissant l’équilibre des finances publiques de chaque Etat-Membre de la zone euro et à rapprocher progressivement leurs politiques économiques, sociales et financières, en espérant que de nouvelles vagues déstabilisatrices ne naîtront pas de soubresauts éventuels de la politique monétaire américaine ni des aléas de développement des pays émergents, au premier rang desquels la Chine et autres BRIC.
En ce qui concerne la France, on éprouve cependant une certaine inquiétude à voir la façon pour le moins « légère » dont François Hollande, Président de la République, et son gouvernement envisagent les réformes de compétitivité et les actions de redressement des finances publiques qu’il faut mener pour reprendre notre part du leadership européen et construire avec l’Allemagne une Europe qui puisse devenir la puissance mondiale de référence du 21è siècle !
Il y a quelque-chose d’inconvenant en même temps que de dramatique à voir les plus hautes autorités françaises fuir leurs responsabilités à cet égard compte tenu des enjeux pour l’Europe future et l’avenir de la France en tant que puissance, et à voir nos peuples largement pourvus râler contre la crise et les efforts demandés quand on connaît la situation de pauvreté, de non-emploi ou de sous-emploi généralisé dans le monde émergent ou en développement !
On attendrait dès lors des journalistes qui prétendraient à l’accomplissement d’une mission d’information, qu’ils alertent le peuple sur l’incompétence ou l’inconséquence de ses dirigeants et qu’ils l’accompagnent dans la compréhension des grands problèmes de ce monde au lieu d’ânonner les poncifs bien-pensants et les platitudes consensuelles de la « morale du troupeau » … qu’ils aillent sur les hauteurs et qu’ils y conduisent le peuple s’ils sont vraiment meilleurs que les chefs dudit troupeau !
Bien-pensance et penser faux : gaucheet droite, justice et politique … il y a différents niveaux de pensée !
Chacun pense naturellement "à son niveau" et croit donc impossible de penser autrement c'est à dire d'arriver à des conclusions différentes à partir des mêmes éléments de base. Cela est naturel puisque la pensée de chaque niveau peut paraître parfaitement logique et donc incontestable dans la mesure où elle découle naturellement des paramètres de jugement propres à chacun de ces niveaux. Les "penseurs" de chaque niveau possèdent donc par définition, la vérité et toute pensée différente ou contradictoire doit être combattue voire réprimée comme une injure au bon sens et un attentat contre le bien assimilé à la vérité de chacun !
Ainsi navigue-t-on sur des voies parallèles qui par définition, ne se rejoignent jamais quand on parle de gauche et de droite. Les juges et les justiciers non plus, ne sont pas en phase avec la justice comme on le verra dans un prochain article.
Gauche et droite pensent à des niveaux différents. La gauche, toute à ses bons sentiments, veut faire le bonheur du peuple sans se soucier d’en avoir les moyens économiques ni financiers. Elle commence toujours à redistribuer avant d'avoir produit quoi que ce soit (gauche socialiste à la façon française) quitte à ruiner l’économie du pays. Parfois et on aboutit alors à des catastrophes du type soviétique ou maoïste, elle veut le bonheur du peuple malgré lui et quoi qu'il arrive, en lui imposant ses schémas autoritaires d'organisation de la production et de la société (dérives idéologiques communisantes).
Sur ce dernier point, la gauche socialiste ou social-démocrate (les fameux sociaux-traîtres !) se contente d'une action psychologique, une tromperie sympathique, à base de bien-pensance christiano-marxiste et de droits de l'homme sans limite, pour faire accepter au peuple qui n’en avait aucune idée ni aucune nécessité, ses lubies de réformes sociétales. Le peuple en effet, ne pense pas au même niveau que nos intellectuels ou que les politiciens "inspirés" par les différents clubs ou penseurs de gauche : on pourrait d'ailleurs demander à nos chers Marcel Gauchet, Jacques Julliard, Edgar Morin, aux « experts » de Terra Nova et autres "inspirateurs" de "bourdieuseries" diverses, structuralistes ou non, (dé-)constructivistes ou non... ce qu'ils en pensent !
La droite au contraire, a une conscience très claire « des possibles » à court, moyen ou long terme, et tend à privilégier la production de biens en quantité toujours croissante pour mieux en réguler la distribution (droite sociale) ou laisser le marché assurer cette fonction (droite libérale) au risque de parfois, trop favoriser l'efficacité de la production aux dépens des besoins ou préoccupations de certaines catégories sociales plus fragiles si aucune politique sociale ne vient corriger les excès des intérêts particuliers.
Il est des moments, en période de crise en particulier et donc pour des raisons de salut public, où quitte à sacrifier quelques intérêts particuliers, la "brutalité" de la droite doit prendre le pas sur les débordements de bons sentiments de la gauche qui, pour venir au secours des pauvres et des opprimés du moment ou simplement pour satisfaire ses lubies égalitaristes et ses pulsions en faveur des « droits » de telle ou telle minorité, serait prête à sacrifier hic et nunc l’avenir du corps social tout entier.
L'Europe et la France sont confrontées à ce dilemme mais la France a ceci de particulier que le peuple français par un caprice dont il est malheureusement coutumier, a fait le contre-sens dramatique de projeter au pouvoir en 2012, une gauche inapte au lieu de laisser la droite poursuivre le redressement qu'elle avait engagé.
De la même manière, justice et action politique se situent à des niveaux différents et doivent être évaluées au niveau qui est le leur et selon les critères propres à leur niveau respectif.
Malheureusement, il y a les justiciers et dès lors, tout dérive ! Le pire surgit quand on y mêle morale ou religioncomme le font journalistes-justiciers et juges-justiciers dans nos démocraties ou plus grave encore, les théoriciens et exécuteurs des diableries de l'islamisme ou autres radicalismes religieux dans les pays plus "sauvages".
Le journaliste-justicier, émule des « deep throats » du Watergate, répand ainsi ses indignations souvent ineptes, injustifiées ou inutiles au nom d'un "droit à l'investigation et à la transparence" comme par exemple, un Edwy Plenel sans doute traumatisé par ses aventures gauchistes et son brusque départ du Monde ou encore un Julian Assange qui veut dévoiler les prétendus secrets de la diplomatie américaine mais garder les siens ou encore un Edward Snowden, le dernier transfuge « révélateur/délateur » des méfaits de la National Security Agency américaine qui épierait le monde entier ! De même le juge-justicier au nom de la vertu républicaine ou de la morale publique outragée comme Eva Joly en son temps ou le juge J.M.Gentil de nos jours qui, fantasme ou non, psycho-rigidité ou non, biais politique ou non, cherchent à "se payer" un grand des affaires ou de la politique. Ou encore l'islamiste-justicier au nom de sa propre interprétation de la "vraie religion", à la façon très "jésuite" d'un Tariq Ramadan et d’autres 'ulémas ou prêcheurs d'un islam qu’ils instrumentalisent à leur profit, ou pire encore à la façon sanglante des fous de Dieu qui prétendent appliquer les fatwas rendues par tel ou tel théologien déviant auquel ils ont fait allégeance.
Tous ces justiciers le font en vertu de leur interprétation propre de la « mission » journalistique, de la règle de droit ou des commandements divins ! Ils se prennent pour le fléau de leur « dieu » respectif et se croient une mission sacrée de redressement des torts de leurs concitoyens ! Quelle prétention et quels fous !
Ils ne peuvent évidemment raisonner qu'en fonction des données qu'ils détiennent à la lumière des éléments de l'environnement matériel et intellectuel qui est le leur mais aussi de leurs passions propres ce qui nécessairement biaise leur jugement. Les mêmes données examinées à la lumière d'éléments d'environnement et de passions d’un niveau supérieur, conduiraient à des conclusions différentes tout aussi justes mais qui s'imposeraient naturellement au niveau de réflexion moins avancé.
C'est ainsi que des récriminations ou accusations de journalistes touchant un individu particulier, visant un fait qui ne concerne pas vraiment le gros de la population (à part le battage médiatique qu'on peut en faire !) ou ne metant pas la nation ni même l'intérêt général en péril, sont le plus souvent le produit d'une certaine insatisfaction, soif d'exister, frustration, volonté de vengeance voire paranoïa du "justicier" lui-même, d'une prétention pour le moins ridicule à vouloir régenter le monde ou tout bêtement d'une obsession maladive pour le « dénichage » de prétendus secrets et non comme voudraient le faire croire ces journalistes-justiciers, comme une action de salubrité publique visant au sauvetage de la République voire du monde et à la rédemption des pécheurs ! Le journalisme d'investigation tourne alors à la désinformation et à l'inquisition au risque de voir la démocratie virer à la dictature, directement ou en passant par l'anarchie et la fureur populiste ce qui ramènerait nos anciens trotskistes à leurs premières combines politiques !
La même attitude de la part d'un juge-justicier peut être analysée de façon identique avec en plus, le fait qu'on risque à ce jeu, la réputation voire la liberté de l'accusé et la réputation de la République voire le blocage des institutions. Elle peut alors tourner au déni de la séparation des pouvoirs et virer au gouvernement des juges ! Or les juges sont formés pour juger l'existant au regard des principes et des règles de droit en vigueur. Ils ne sont donc pas compétents pour juger de l'opportunité ni de la manière de changer l'existant car cela est du ressort de l'Exécutif ou du législateur pour le bien présent ou futur de la Nation. Cela est incontestablement du niveau supérieur. A cette aune et face à l'intérêt général, l'indignation ou la vertu républicaine outragée d'un juge est de bien peu d'importance ... à charge pour l'Exécutif et le législateur concernés de remettre le juge en situation de juger en changeant la loi ou le règlement que ledit juge devra dorénavant appliquer.
La réflexion et l'action du politique sont d'une complexité et d'une subtilité que le journaliste "investigateur" ni le juge qui agit en fonction de présupposés ou d'indices (même "graves et concordants" !), ne sont en mesure d'apprécier. Ces derniers n'ont que leur idée de la "transparence" (notion très floue) ou de la règle de droit comme guide à leur action c'est à dire un fil conducteur assez simple (et parfois simpliste) alors que le politique doit agir à partir de ce qu'Edgar Morin aurait appelé une "pensée complexe" ce qui est évidemment plus difficile !
Cette distinction des niveaux de pensée et d'action nous amène à séparer dans l'action de l'homme politique ce qui relève de l'individu et ce qui appartient à l'action politique.
Les actes de simple turpitude personnelle doivent évidemment être punis lorsqu’il sont commis par un "politique" comme par tout citoyen et les juges sont parfaitement à même de comprendre et de juger ce type d'affaires qui est prévu et réprimé par les lois et règlements qu'ils sont chargés d'appliquer : c'est le cas de cette "affaire Cahuzac", ministre du budget failli, dont les tambours médiatiques nous assourdissent au lieu de s'occuper des affaires prioritaires du pays que le Président et le Gouvernement avec leur "boîte à outils" et leur "choc de simplification" (dernière et comique intervention du Président sur France 2 en Avril !) n'arrivent pas à maîtriser .
Au contraire, les faits qui relèvent de l'action politique et les illégalités relatives par exemple au financement d'un parti ou d'une campagne électorale, sont d'une autre nature et ils mettent en cause des acteurs appartenant à d'autres pouvoirs constitutionnels que le judiciaire. Ils devraient de ce fait faire l'objet de plus de discrétion non seulement de la part des journalistes mais aussi des juges dans la mesure où les modalités de financement de ces choses n'ont toujours pas été réglées de façon satisfaisante par la loi ... ou encore, être jugés par des tribunaux spécialisés. Bref, en attendant la mise en place d'un cadre juridique et judiciaire satisfaisant pour juger les faits liés à l'action politique (autres que ceux qui relèvent de la Cour de Justice de la République), il faut éviter que les juges de droit commun viennent se brûler les ailes à des affaires non "turpitudineuses" même si elles sont à la limite du cadre juridique du moment, lorsque l'intérêt personnel n'est pas le moteur principal mais bien le combat politique. Or ce combat est essentiel à la démocratie et l'intégrité des acteurs de ce jeu difficile ne doit pas être évaluée à l'aune d'un cadre juridique inadapté ou trop étroitement interprété. L'intérêt supérieur du pays doit toujours prévaloir sur un certain juridisme qui devient alors le signe qu'il faut changer la loi.
Au-delà, on en arriverait au stade de la confusion des pouvoirs à savoir le "gouvernement des juges" quand ces derniers se mêlent de ce qui ne les regarde pas dans les domaines exécutif et législatif ! Les juges en effet, sont au dessus des faits et des acteurs de la vie courante lorsqu'ils les jugent au nom du peuple ou comme autrefois, au nom du roi voire de la "sainte religion" ou des commandements de Dieu ... On se plaît d'ailleurs à dire et répéter comme une litanie qu'on ne discute pas une décision de justice, que les juges eux-mêmes sont "sacrés", etc ... Certains de ces derniers cependant, ont tendance à se laisser aller à une dérive dangereuse qui les conduit à empiéter sur des domaines qui ne sont pas les leurs et qui sont aussi "sacrés" et nécessaires à la vie d'une démocratie. Il faut en effet, se méfier d'aller trop loin dans l'attribution et le renforcement des pouvoirs d'institutions comme le Conseil Constitutionnel (élargissement excessif des possibilités de saisine par exemple), la Cour de Cassation (jurisprudence des "droits de l'homme" en liaison avec une extension démesurée de ce concept par la Cour Européenne par exemple) ou le Conseil d'Etat ("défense" du service public et dérive récente sur les questions d’immigration, identité, nationalité) et plus encore des institutions de justice européennes ou internationales (conception extensive des "droits à ...", jurisprudence européenne d'esprit à la fois bureaucratique mais aussi excessivement libéral voire « libertaire », ...) aux dépens d'un équilibre stable et de long terme entre les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire qui pourrait aboutir à un blocage institutionnel.
Les juges doivent pouvoir contrôler les excès des deux autres pouvoirs mais il faut absolument éviter qu'ils les empêchent d'agir. La survie du peuple et l'avenir du pays sont des intérêts supérieurs à ceux d'une règle de droit qui peut se trouver brutalement obsolète dans la mesure où il peut arriver que l’urgence justifie des décisions qui ne rentrent pas dans le cadre juridique existant.
On l'a vu en France, dans plusieurs circonstances de la vie de la Nation notamment en 1940 après la débâcle ou en 1958 quand le pays allait à vau-l’eau sans remonter jusqu’à la Révolution de 1789 ou aux changements dynastiques depuis la naissance du Royaume Franc ! La Constitution française de 1958 d’ailleurs prévoit le cas où l’Exécutif peut s’arroger des pouvoirs extraordinaires quand le salut du pays l’exige et ce fameux article 16 a été utilisé en 1961 dans des circonstances dramatiques qui ont permis au pouvoir légal de faire face à la situation.
La Constitution allemande ne prévoit rien de la sorte et compte tenu du traumatisme allemand résultant des évènements des années 1933-45, il est fort probable que la Cour Constitutionnelle de Karlsruhe ferait barrage à toute tentative de l’Exécutif d’empiéter de la moindre des manières sur un autre pouvoir constitutionnel, et ceci même en cas d’urgence ou de péril imminent pour le pays.
C’est une différence d’approche politique fondamentale entre la France et l’Allemagne qui risque de compliquer quelque peu la prise de décisions communes dans la mesure où la période actuelle qui doit voir l'accouchement de l'Europe en tant que future puissance mondiale de référence, est propice à la survenance de bouleversements imprévus dans les rapports de force. Or, il conviendra de les maîtriser, éventuellement dans l’urgence et donc sans intervention saugrenue ni blocage malvenu des tenants d'un juridisme obtus.
Une autre dérive possible de cette obsession de la transparence et de « la règle de droit avant tout », est celle d’une politisation de la justice appuyée par un journalisme complice.
Elle est certes d’un niveau inférieur mais elle est beaucoup plus fréquente. Elle va de la répression de la mal-pensance qui aboutit à faire condamner pour « racisme » ou « incitation à la haine » tout propos qui constaterait ou critiquerait telle ou telle différence entre les individus, les sexes, les religions, les peuples, etc …, à la politisation rampante d’une justice qui biaise les procédures dans le sens d’une mise en cause des adversaires politiques au risque de virer ensuite vers une véritable mais très condamnable justice politique.
"Gauchisme dans la justice et complicité des media ?", c'était le titre d’un article du 2 juin 2013 à propos du scandale du "mur des cons" de juges politisés du Syndicat de la Magistrature. J'y avais mis un point d'interrogation par égard pour les autres juges (les quelques juges "non-politisés" égarés au SM et ceux des autres syndicats) et pour les quelques journalistes qui ne cèdent pas à la mauvaise foi bien-pensante et au penchant suicidaire de nos "élites de gauche" pour la déliquescence sociétale ! Toujours est-il que cet épisode qui révélait au grand jour les inclinations politiques majoritairement gauchisantes du Syndicat de la Magistrature, est de nature à porter un grave préjudice à l’image de sérénité et d’impartialité de la justice et incidemment à celle d’objectivité et de neutralité du syndicat des journalistes du service public. Celui-ci en effet avait réclamé à la direction de France 3, la « punition » du journaliste qui avait révélé l’affaire ! La justice ni le journalisme et encore moins celui du « service public », ne sauraient être compatibles avec un quelconque militantisme politique ni même une préférence politique affichée.
Si l'on y ajoute maintenant l'injustice faite au militant "Manif pour tous" Nicolas Bernard-Buss, incarcéré (2 mois de prison ferme) pour des faits qui ne valent aux casseurs des groupes d'extrême gauche et des bandes de voyous des « quartiers » qu'une réprimande "les exhortant à ne pas recommencer", l'affaire dite "Tapie" qui a manifestement été fortement gonflée pour mettre Nicolas Sarkozy en difficulté par le biais d'enquêtes, gardes à vue et inculpations de ses proches qui n'aboutiront probablement pas faute « d’indices suffisants et concordants », de même que l'affaire dite "Bettencourt " qui ayant exactement le même objectif politique, a été menée avec la même mauvaise foi judiciaire, on se demande vraiment s'il n'est pas temps de supprimer le point d'interrogation et de parler tout crûment de "justice politisée" sinon encore de justice politique"...
Il ne s’agit là que de juges qui pourraient s’avérer mus par une bien-pensance ou une passion politique coupable... mais que penser des journalistes de la presse et de l’audiovisuel politiquement corrects à commencer par ceux du "service public" de l'information, qui s’échinent à se distinguer dans l'à peu près informatif, la pure désinformation voire le militantisme politique, les uns pour faire de la copie, les autres pour tenter de "se payer" un ministre voire un « Président », et les plus bêtes pour montrer qu'ils sont au courant des évènements du monde ! ... et ceci alors qu’ils ne devraient même pas connaître et donc encore moins commenter les faits ou rumeurs dont ils se gargarisent en raison d'un secret de l'instruction que les juges eux-mêmes, et ceci devrait être sanctionné, ne respectent plus ... et au nom de quoi ? de la transparence ? de la toute-puissance des media ? de la passion politico-sociale ? ou simple folie de « com » ?
Nous demandions à Madame Taubira de rappeler à l'ordre le Syndicat de la Magistrature, apparemment son syndicat préféré, et de rappeler aux juges leur devoir de neutralité pour éviter que le doute ne se répande quant à la sérénité et à l'impartialité de la justice. A Madame Filippetti de rappeler aux journalistes de gauche (largement plus de 80 % de la corporation !) leur déontologie qui voudrait qu'on prenne suffisamment de recul sur les évènements pour les commenter afin d'éviter de dire n'importe quoi voire de faire de la pure désinformation quand il ne s'agirait pas de propagande politique !
Si l'on n'y prend garde, une « bien-pensance » devenant « socialement et moralement obligatoire » peut facilement dégénérer en une "justice politisée" qui à son tour, pourrait muter en "justice politique" …
C’est un processus déviant de nature quasi-religieuse (le bon droit et la vérité !) comme celui qui a produit l’islamisme à partir de l’islam dans les dernières décennies en suivant la consigne hérétique « interdire, surveiller et punir » (qui n’était pas de ce pauvre Foucault mais bien de Hassan el Banna et de ses Frères Musulmans !) ou celui qui avait conduit à l’Inquisition des 15è et 16è siècle par déviance du principe chrétien « aimez vous les uns les autres » où l’Eglise ne devrait faire qu’un seul corps !!!
Sommes-nous au début seulement ou au milieu de ce processus malsain ?
Le gouvernement doit en tout état de cause, réagir et redresser ces dérives judiciaires !
La droite contaminée par la bien-pensance et le penser faux ! ... qu’elle guérisse ses complexes, reprenne le commandement des mains inertes d’une gauche amollie par ses renoncements … et en finisse avec les restes d’un gauchisme fossilisé !
La droite après avoir gentiment donné quelque répit à la gauche en jouant sa comédie du pouvoir partisan de la fin d'année 2012, doit reprendre le fil interrompu de la "reconquista". Pour cela, on demandera à chacun de s'abstenir de tout discours ou toute action pouvant compromettre le rassemblement et l'élan. Ceci malheureusement s’adresse à ceux qu’on pourrait croire les moins excités ou les plus sages à savoir ceux qui se qualifient eux-mêmes "d'humanistes" comme JP. Raffarin ou même Alain Juppé ou de "neutres" comme Nathalie Kosciusko-Morizet, Bruno Lemaire ou François Baroin sans même parler de ces quelques électrons libres, de Jean-Louis Borloo à cette chère Roselyne Bachelot en passant par les Chantal Jouanno, Rachida Dati et autres dont les piques à l'endroit de tel ou tel éventuel concurrent à droite voire même de l'ancien Président, deviennent fort agaçantes.
Tous peuvent évidemment avoir leurs idées et leur interprétation des péripéties électorales passées mais qu'ils les gardent pour eux car ils ne sont pas majoritaires dans le parti et les autres ont peut être d'autres interprétations et d'autres idées tout aussi valables politiquement et moralement. Pour gagner en effet, il faut se battre et gagner le peuple. Il ne suffit pas de pérorer en jouant les « vieux sages » ou de faire de gracieux ronds de jambe à la sortie des réunions !
La droite en effet, a été très largement contaminée par la bien-pensance de gauche : souvenez-vous des pudibonderies de Michel Noir et quelques autres qui avaient peur dans les années 85-90 de "perdre leur âme" quand on voulait parler des problèmes d'immigration, d’intégration, d'islam, de délinquance ou de sécurité dans les banlieues !
Attention à ne pas répéter l'erreur fatale de Jacques Chirac qui a eu le tort de s’entêter à taire ces problèmes laissant ainsi le Front National s'envoler parce que le peuple voulait précisément "qu'on en parle et surtout qu’on les résolve" ! Les résultats des dernières législatives partielles montrent que les socialistes sont en fort recul mais que la bataille devra être livrée avec le Front National. Il ne faut donc pas lui laisser les thèmes qui le portent et qui sont des thèmes essentiels de la droite classique. Nos "humanistes" ne doivent pas se laisser aller à penser faux en suivant paresseusement leur inclination à l’angélisme et aux bons sentiments. Laissons cela aux "belles âmes" et à la gauche, laissons le "centre" hésiter et allons plutôt sur les hauteurs en osant dire ce qui est et ce qu’il faut faire pour maintenir la cohésion sociale et préserver notre identité nationale et européenne !
Ces thèmes dits "sensibles" et que certains ont la lâcheté de considérer comme "tabous", sont aussi importants à moyen et long terme que les thèmes du redressement et de la bonne santé économique et financière du pays et ils sont à court terme politiquement essentiels à la reconquête du pouvoir. Alors, de grâce Mesdames et Messieurs de la droite, cessez ces querelles de chapelles qui de plus, en particulier à l'UMP qui se revendique encore d'un certain gaullisme, sont parfaitement incongrues !
Rappelez-vous que ce n'est pas aux journalistes et aux belles âmes de Saint Germain des Prés qu'il faut plaire mais au peuple … et le peuple n’aime pas les hésitants ni les mous !
Assez donc des prétendues « différences d’approche irréconciliables » de François Fillon et de François Copé voire de Nicolas Sarkozy ! Assez des piques ridiculement « humanistes » de Nathalie Kosciusko-Morizet à l’endroit de la Droite Forte qui est, rappelons-le, le courant majoritaire de l’UMP. Assez des injures, soupçons ou jésuiteries à l’égard de ce que pense ou penserait Patrick Buisson ! Assez des pudibonderies et des hésitations de nos « humanistes » quand il s’agit de qualifier les choses et de régler les problèmes de la vie quotidienne dans les « quartiers de non-droit », de remettre de l’ordre dans les prisons où l’islam dérive vers l’islamisme, dans les écoles et lieux publics où se répandent des pratiques que la laïcité ne saurait accepter et qui bloquent le processus d’intégration des familles immigrées. Assez de la délinquance et de la culture de l’excuse. Assez de l’explosion d’une immigration non maîtrisée qu’on couvre d’un « benign neglect » complice ! Assez … ! Assez … !
Il n’y a pas plus de « ligne Fillon » que de « ligne Buisson » ou de « ligne Copé » ! Il y a la droite qui n’est pas la gauche et qui doit se rassembler pour gagner et pour traiter les problèmes du pays et non plus pour contempler les dégâts engendrés par 30 ans de laxisme politique, économique, social et sociétal.
"L'action ce sont des hommes au milieu des circonstances" disait de Gaulle. L'action comme la guerre, c’est quelque chose de difficile et de dur ! Il y a des coups à recevoir et parfois des blessés mais il faut décider en fonction du bien de l'ensemble et non pas hésiter parce qu'il y aura des blessés !
Oui, la droite doit savoir être brute quand il le faut mais elle perdrait sa raison d'être si elle n'agissait pas et se comportait comme la gauche l'a trop souvent fait au cours de l'histoire, en refusant d'agir parce qu'elle risquait de se salir les mains … ou de perdre les élections !
Dans les pays riches où la démocratie est bien installée et où le confort est considéré comme un droit acquis, le peuple, abusé par les bons pasteurs de la complainte permanente et de l’assistanat généralisé, se plaît à changer de gouvernement dès que ce dernier lui demande quelque effort, sans même parler de réduction de son train de vie et encore moins de sacrifice. La France qui râle en est l’archétype mais le peuple français semble commencer à comprendre : il va falloir être plus sérieux dans la gestion de l'Etat, de nos services publics et de notre protection sociale ! Il aura mis plus de 15 ans à s'éveiller aux réalités depuis la tromperie de la "contre-révolution conservatrice" menée par la gauche et les syndicats contre les réformes d'Alain Juppé en 1995, jusqu'au coup de tonnerre de la réforme des retraites de 2010-2011 où pour la première fois depuis le Général de Gaulle, la droite a osé revenir sur des "avantages acquis" pour remettre la France sur ses rails nonobstant toutes les oppositions !!!
Les gouvernements sont passés de gauche à droite puis de droite à gauche. Ils se sont occupés de l'accessoire … et la réforme attend toujours tandis que le monde avance !
La crise cependant, aura eu cela de bon que les gouvernements quels qu'ils soient, ne peuvent plus reculer devant « la réforme ». Le gouvernement socialiste lui-même vient de prendre un "tournant" en forme de tête à queue politique et idéologique et sur la lancée des décisions prises par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, se voit contraint de cheminer, lentement parce que forcé et de mauvais gré (les socialistes n’ont toujours pas compris comment marchait le monde !), vers une gestion assainie des finances publiques et un ensemble de réformes structurelles qui si elle sont abouties, lui permettront de redonner un peu de sa compétitivité à l'économie française.
On peut désormais espérer faire mentir Jünger dans sa critique du petit-bourgeois européen médiocre, égoïste, peureux, râleur, vindicatif et inapte aux grandes choses et aux grands sentiments, et faire de notre moderne « bobo » un européen responsable et capable de sublimer sa civilisation en la portant en tête du mouvement général de renouveau des civilisations du monde ... à condition que le Président français aille jusqu'au bout des réformes en France, qu’il regagne la part de "leadership" et la crédibilité qu'il a perdues en Europe en raison de ses fantaisies et de ses hésitations, et qu’il joue fermement mais franchement le jeu de la coopération avec l'Allemagne pour faire de l'Europe la future puissance mondiale de référence.
La gauche mondaine revisitée par les recettes de "com politique" de Terra Nova, s'impose comme la gauche des poncifs sociétaux quand la gauche populaire file vers les extrêmes. De l'autre côté, la "droite humaniste" s'empêtre dans la même sorte de bien-pensance et, refusant de parler des réalités, problèmes d'immigration, d'intégration, de délinquance, de banlieue et de refonte de l'école, s'évertue à encourager l'hémorragie de la droite populaire vers le Front National !
La droite humaniste a toujours peur de "perdre son âme" : de Michel Noir à François Fillon en passant par J.P. Raffarin, Nathalie Kosciusko-Morizet, Chantal Jouanno et autres jeunes prétendants à d’éminentes fonctions, on se trompe en pensant que traiter les problèmes du pays et du peuple, c’est faire le jeu du « Front National » ! Ils se font au contraire, les complices de la gauche à l’instar de Jacques Chirac qui, involontairement mais très efficacement, aidait Mitterand à « gonfler » le Front National en exaspérant le peuple par son inaction !
François Fillon devrait d’urgence « éclairer » ses positions sur ces sujets ! Il a commencé de le faire en musclant son projet sur les problèmes sociétaux. Voilà qui est positif mais Alain Juppé devrait l’y aider plus franchement au lieu de faire état de ses réticences à ce sujet, compte tenu de l’expérience assez négative qu’il en a eu aux côtés de Jacques Chirac depuis l’époque du Club 89 !
On peut en effet, trouver très admirable de clamer ses bons sentiments, comme la gauche s'époumone à le faire, mais c'est en agissant plus qu'en se lamentant qu'on résout les problèmes sociaux et sociétaux.
Et pour calmer les angoisses existentielles ou scrupules d’affichage politique mal placés de nos « humanistes » de droite, citons le Général de Gaulle :
« Si une communauté n’est pas acceptée, c’est qu’elle ne donne pas de bons produits. Si elle se plaint de racisme à son égard, c’est parce qu’elle est porteuse de désordre. Quand elle ne fournit que du bien, tout le monde lui ouvre les bras. Mais il ne faut pas qu’elle vienne chez nous imposer ses mœurs ! » (Alain Peyrefitte).
Le Général n’avait pas peur de parler des problèmes ni de les prendre à bras le corps. Il n’avait pas peur qu’on l’accuse de racisme, d’incitation à la haine raciale ou à la discrimination ni, plus ridicule encore, d’être traité « d’anti-républicain » par les avatars de ces politiciens qui avaient ruiné deux républiques que lui, de Gaulle, a rétablies en 45 et en 58 !
On a maintenant le résultat de 30 ans d'autisme : la gauche est aux affaires et applique ses idées fausses, l'intégration est un fiasco et les banlieues sont devenues des écoles de l'échec et du crime. L'école républicaine est à refaire pour y réapprendre à lire, écrire et compter mais aussi le respect des autres et la discipline sociale que les lubies de la gauche pédagogiste soixante-huitarde ont mis à bas !
L’alerte politique à droite retentit clairement après l’élection sur le fil de JF. Mancel dans l’Oise au mois d’Avril contre le Front National après élimination des socialistes au premier tour. Le même scénario vient de se reproduire à Villeneuve sur Lot (23 Juin 2013) où un candidat UMP vient d’être élu contre un Front National en pleine ascension, en remplacement de Jérôme Cahuzac, Ministre du Budget démissionnaire après révélation de ses turpitudineuses manœuvres d’évasion fiscale … et à Brignoles, c’est le Front National qui l’a emporté en Octobre !
Elle est parfaitement illustrée par le comportement des journalistes de France Inter qui recevaient JL. Mélenchon le mardi 26 et Marine Le Pen le lendemain.
Il était amusant en effet, d'entendre JL. Mélenchon, le bourgeois gaucho qui joue les popu, rabrouer avec sa logorrhée habituelle les « gaucho-traîtres et bobos mondains » du 7-9 de France Inter, journalistes du service public réputés être "absolument neutres et a-politiques", hypocrites récitants du catéchisme de la bien-pensance tournant systématiquement en dérision tout ce qu’il n’est pas « correct » de dire, de penser ou de faire.
Le lendemain, Patrick Cohen et son (sa) comique de service reçoivent Marine Le Pen. Assez désemparés devant elle, ils ne savent pas vraiment quoi lui répondre et c’est « Sœur » Pascale Clark avec ses « chroniqueurs culturels »( !) qui doit venir les aider en donnant à Marine Le Pen, le coup de pied de l’âne après qu’elle soit partie des studios. Malhonnêteté intellectuelle et pauvreté déontologique !
Voilà contre quoi il faut se battre : « bien-pensants de la gauche gouvernementale et des media, gaucho-popu, gaucho-mondains et popu de droite ». Ils sont aussi exaspérants et dangereux les uns que les autres car les premiers sont dans la morosité et la procrastination permanentes tandis que les autres veulent agir avant d’avoir pensé et que tous pensent faux quand ils prétendent penser !
-La gauche « molle » en effet, ne pense pas au niveau qui convient, celui des intérêts supérieurs du pays. Elle privilégie le médiocre confort de sa clientèle de petits bourgeois sécurisés tout en se donnant bonne conscience en invoquant les grands principes : la défense des pauvres, la justice sociale, les droits infinis de l’homme, de la femme, des minorités diverses, etc… Bref, sur les conseils avisés de son club Terra Nova et à la manière des bourgeoises du 19è siècle, elle pense « bonnes œuvres » pour ses clientèles de la « diversité » mais ne prépare pas la France ni l’Europe du 21è siècle ! Le Parti Socialiste n’a donc ni la vision ni la volonté d’action pour conduire la France sur ce chemin difficile.
-La « gauche popu » pense faux à propos du « social » comme de « l’économique ». Le social en effet, doit nécessairement suivre et non précéder l’économique qui permet de le financer … ou alors il faudrait faire le bonheur du peuple par la force d’une économie administrée, isolée du reste du monde, dont les avatars communistes du marxisme ont démontré la parfaite inefficacité et l’horreur humaine. Le Parti Communiste et le Parti de gauche doivent donc être laissés à leurs combats et discours du siècle dernier.
-La « droite popu » enfin, justement qualifiée de populaire parce qu’elle s’évertue à mettre en exergue certains problèmes sociétaux qui touchent profondément le peuple français et délitent peu à peu le corps social (immigration, intégration, identité nationale et cohésion sociale, délinquance et politique pénale, remise en ordre des « quartiers dits sensibles », etc …), tous problèmes que la gauche exacerbe follement au lieu de les régler tandis que la droite « humaniste » a peur même de les évoquer ! Ces sujets conditionnent effectivement l’avenir du pays tout autant que le progrès économique et le retour de l’emploi mais le Front National qui les porte opiniâtrement depuis trente ans, n’est pas en situation de les régler. Son obsession anti-européenne de repli national est non seulement contradictoire avec toute idée de progrès économique et social mais aussi toute possibilité de grandeur et plus simplement d’un rôle quelconque pour la France et l’Europe futures dans un monde en plein chambardement.
-Quant aux extrêmes, extrême droite « fascisante » et extrême gauche communiste, maoïste, trotzkiste, anarcho-révolutionnaire ou autre (les qualificatifs sont beaucoup plus nombreux et sophistiqués à gauche puisque la gauche a été historiquement le Méphisto catalyseur des « extrêmes modernes » !), ils ne sont pas qualifiés pour prendre en mains notre vieux pays non pas parce qu’ils ne seraient pas « républicains » comme le disent les bien-pensants (beaucoup de royautés sont aussi démocratiques que notre République !) mais parce que leur motivation essentielle est la destruction de ce qui fait l’objet de leurs détestations obsessionnelles et qu’ils sont incapables de construire un monde qui ne soit pas fantasmatique et fondé sur la terreur. Leur avenir doit être conditionné à leur respect des lois républicaines et toute violence illégitime de leur part doit conduire aussitôt à la dissolution des groupes ou organisations qui en sont responsables.
Voilà donc le défi pour la droite : réussir la synthèse de ce que les autres s’avèrent ou se sont avérés incapables de faire par manque de vision et de volonté !
Vaste programme en effet, pour lequel il faut faire bloc à droite sans pudibonderie humaniste mal placée et sans faiblesse sur les sujets sociétaux (immigration, intégration, délinquance, cohésion sociale, identité, etc ...) comme sur les thèmes du redressement économique et financier du pays sans oublier l’impératif de la construction d'une Europe forte en partant du leadership franco-allemand qu'il convient de rétablir d'urgence après les "fantaisies comportementales et les inepties conceptuelles" de notre Président et de ses ministres.
« L’action ce sont des hommes au milieu des circonstances ! » avait écrit De Gaulle. Les circonstances sont là mais on attend les hommes !